mercredi 31 août 2011

LE BETE SELLER "L"Homme aux yeux couleur d'huitres" Fin de Saison


Lire en premier le dénouement bien détaillé 
chez Frankie
( lien ci-dessous après ce texte)

Pearl est encore en garde à vue...
Mais dans sa tête , au vent du large, s'envole une tortue légère..
Elle a  soudain une furieuse envie d'huitres.
Dans l'île d’Aix,la cloche de l'église St Martin sonne dans la nuit.
La grand -mère , dans la villa Palmarès , ne dort que d'un œil. 
elle est allée cet après-midi glisser un petit papier sous le couvercle du baptistère....



Mika  a miaulé le grand départ dans le ventre du bateau navette.
Le pilote a une casquette penchée sur l'oreille et un drôle de tatouage sur le biceps .
Tous les poilus -moustaches en pattes de velours ont filé le long de la jetée , et hop!
embarquement pour l'île aux chats :
Là-bas , dans sa grotte à bruits magiques
L'homme aux yeux couleurs d'huitre assemble à l'oreille
Les tranches de galettes sonores.
Il croque des cornichons en écoutant .



Pearl viendra ,
La pantoufle le sait.
La marée descend 
Le jour se lève derrière les marais .

Il ôte le casque de ses oreilles,
S'étire 
Se lève et sort dans le jardin humide de rosée.
Dans le ciel, très haut ,
La tortue volante 
A rattrapé un petit nuage couleur de perle...

31 Aout 2011.




Merci aux complices de cette aventure :

FRANKIE 

SEBASTIEN HATON

POMME

LAURE


mardi 30 août 2011

Opulente fin d'Eté....


Pour la première fois cette année,
J'avais planté des tomates...



Et le raisin a été bien abondant
Sucré comme le miel..



Quel plaisir de faire cette petite récolte dans le joli panier
oublié à la maison par FREROT MANU !






Les figues ont souffert du dernier orage et ont tendance à s’abimer
sur place
truffées de petites bestioles genre mini-moucherons
Mais ,sur la quantité nous avons de quoi nous régaler..




Et la vraie merveille:
Ces fraises réapparues dans le parterre laissé aux mauvaises herbes 
un vrai cadeau!!
Laissons les mûrir un peu et
MIAM!



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vendredi 26 août 2011

A l'intérieur


A l'intérieur ,il faut descendre ou monter l'escalier,
Le dedans a des allures du dehors
Le passage
Entre deux
Côtés.


Se demander si la porte entrebaillée
Ne laisse pas échapper trop de secrets:
Parfums
Lueurs
 Voix indistinctes
Bienveillantes traces
D'un passé inconnu



J'ai passé la tête 
Avancé un pied
Puis 
Le corps tout entier

Et 

 Depuis

J'habite 

Ici .
 

Posted by Picasa

mercredi 24 août 2011

L'homme aux yeux couleur d'huitres" Episodes 7/8/9/10

 Pour mieux embrayer sur cette nouvelle suite ,
sachez qu'elle commence au moment où Pearl sort de la pharmacie où elle vient d'acheter une pommade . 
Elle a très faim, il est autour de Midi .

Aujourd'hui, quatre épisodes dans la foulée pour ce feuilleton de l’Été:
A lire en sirotant une mauresque pleine de glaçons....

N°7 ( celui de Pomme)
N°8 (celui de Laure)
qui proposent deux suites possibles :
( nous tiendrons compte de vos remarques)
N°9 ( celui de Shaton)
N° 10 ( le mien, Croukougnouche)   

Et maintenant ...laissez-vous embarquer!

dessin aquarelle : Fankie pain
 Sa cheville soignée était encore douloureuse; elle n'aurait pu supporter le contact des lacets de ses sandales .Elle ne pouvait cependant aller nu-pieds. Or, elle avait dans son fourre-tout de laids chaussons au nom abhorré: des charentaises ! Elle n'avait pas d'autre choix;elle les tira de son grand sac avec un morceau de dentelle...Un long jupon qui,lorsqu'elle le portait, balayait le sol..
Sans bouger de place-son éducation chez les sœurs et plus récemment une courte expérience de mannequin lui avaient appris à se changer sans laisser voir un seul morceau de peau - elle opéra la transformation . Le jupon passé sous la robe remonta au dessus des seins ; la robe déboutonnée alla rejoindre au fond du sac un tee-shirt au col échancré pour lui donner plus de chic .Le tee-shirt à son tour prit l'air et, passé par dessus la tête de Pearl, il permit au jupon de redescendre à sa place..Le tour était joué, on ne voyait plus les charentaises. Il ne manquait plus que ce gros ceinturon à la boucle ornée de turquoises pour que Pearl recouvre un peu de l'assurance qui sied à celle dont la tenue est irréprochable.
Tout ce temps, l'Homme, de loin l'avait observée.. Anselme comment déjà? Non,Ambroise...dresseur de quelque chose..La carte avait disparu dans la profondeur du baise-en-ville .Elle finirait bien par la retrouver, d'ailleurs,c'était sans importance. N'était la gêne occasionnée par les yeux innommables de l'individu, Pearl se fichait de sa présence comme d'une guigne.
Non, certes, il ne s'appelait pas Gilles! Personne pour Pearl ne s'appellerait plus jamais Gilles.
Pearl aux yeux clairs , au corps si blanc, aux pieds si grands..
Si grands hélas, qu'elle ne pouvait guère se chausser.
Toujours elle avait mal à ses grands pieds comprimés dans des souliers étroits .Si mal que ce jour là,(et elle les cachait bien sous son long jupon), elle ne regrettait plus d'avoir troqué les sandales pour des charentaises. C'est dans ce pays qu'on les fabriquait , les charentaises,jadis , au bagne de l'île de Ré..Ce bagne d'où son père était parti, de l'autre côté de l'Océan. Jamais, depuis elle n'avait eu de ses nouvelles, et chaque année elle revenait ici , comme on va sur une tombe.
photo anne-laure

peinture :Croukougnouche


Les charentaises,l'île, la mer, la mer ....toujours...Schhhlik,Schhhlak..Schhhhlik,Schhhlak,....
Le jour, la nuit, jamais, jamais elle ne s'arrête, la mer..
Comment pourrait-on arrêter la mer ?? Seuls les poissons ont des arrêtes,mais eux ne font aucun bruit..


 
dessin aquarelle: Frankie pain


La mer, le bruit des vagues, les crustacés..Ici les hommes-même ont les yeux crustacés : Des yeux crus et trassés...et oui..C'est assez!! assez de la mer, des huitres et des crevettes et des chats aux moustaches roses!
C'est alors que soudain,elle revit Gilles.Gilles et son bonnet, ses chaussettes à côtes et ses gros godillots..Gilles, l'homme de la montagne..Gilles au bord du lac, un lac paisible au pied de la montagne et le chalet au bord du lac et le fumet d'un chou dans le ventre duquel mijotaient deux saucisses..des petites, des Montbéliard et un gros morceau de "speck" fumé...
Oh Oui!plus de moules,plus de crevettes,plus de crustacés, plus d'hommes étranges aux yeux couleur de mollusques..Mais Gilles,le grand,le confortable Gilles aux joues de jambon frais..



 aquarelle/pastel:feutre: Croukougnouche


 Gilles et sa soupe au choux, sa tarte aux mirabelles..
Les bras de gilles et la peau d'ours devant la cheminée et les flammes,vagues silencieuses et dorées qui incendient la nuit et satinent les corps nus.


aquarelle//pastel/ feutre/ Croukougnouche


 Les buches qui craquent et crachent des étincelles qui vont griller les poils de l'ours défunt...Senteur de bois ,de cheminée, de poil grillé et tout au fond , un souvenir de soupe aux chou.
Pearl remplit d'air ses poumons, releva la tête: L’homme s'éloignait , la tête tournée vers elle , l’œil glauque et le sourire chafouin. Le chat s'était enroulé sur lui-même , la tête dans la queue ,sur un fauteuil ensoleillé..Il ronronnait aussi paisible que si jamais il n'avait assassiné la moindre crevette.
Pearl avisa l'arrêt d'autobus..L'un d'eux s'approchait, il portait au front sa destination : La Rochelle. Pearl ramassa son grand sac et sans plus se soucier de montrer ses grands pieds, courut vers le bus en s'empêtrant dans ses jupons. Quand elle sauta sur le marchepied, une de ses charentaises s'en alla rouler dans le fossé. Tant pis! Elle prit de la monnaie,paya,et s'installa sur un siège libre, derrière le chauffeur.
La Rochelle Gare...Un train...Paris...Gare de l'Est... Un autre train et au bout du voyage..Gilles..enfin...si on l'avait retrouvé..si on l'avait sorti du lac..
L'homme aux yeux couleur d'huîtres la vit sauter dans le bus. Pensif, il revint sur ses pas et ramassa la charentaise . Il aurait pleuré s'il avait pu.


aquarelle/pastel/feutre: Croukougnouche

 Une fois encore, il avait effrayé une jeune femme, et pourtant..pourtant..Si une fois, une seule fois, l'une d'elles avait eu le courage de prendre dans ses mains sa grosse tête ébouriffée , de l'embrasser sur les paupières et d'avaler, l'un après l'autre ses yeux, ses tristes yeux si glauques, le sort serait enfin levé.

 petit dessin ordi:Croukougnouche

 Oui, si Pearl avait compris, là-bas dans la montagne, elle aurait retrouvé Gilles..
Midi sonna au clocher de l'église . Le soleil serait bientôt au zénith.
Il était temps pour lui de regagner l'ombre .Il réveilla son chat.
"C'est bête soupira-t-il, c'est l'heure!"


Pearl a bigrement faim , son estomac se tord tout à coup, elle a la tête qui tourne, elle cherche un banc où s'assoir à l'ombre, mais rien.
C'est que la chaleur n'a pas baissé, au contraire. C'est monté d'un cran au sortir de cette foutue pharmacie.Elle s'est sentie traversée au rayon laser par ce bigleux louche ." Merde! Est-ce que je vais avoir un peu de paix? Est-ce que je ne suis pas venue pour prendre DU FRAIS au bord d'une mer , salée ,certes, mais PAS pour me retrouver entortillée dans ses algues plein les yeux. Manger, se requinquer, allez! "
Un petit restaurant dans une rue piétonne avec une porte rouge basque toute ouverte ( Tiens! Elle croit voir des lacets suspendus aux vitres comme des guirlandes !) Elle entre.


aquarelle/pastel/feutre :Croukougnouche

Un gros homme , petit dans ses charentaises,l'accueille en tablier blanc de boucher et il hume les les petits oignons finement hachés, déjà revenus dans leur vin rouge quasi Madère .
Elle adore les oignons caramélisés.
Elle s'assoit à la toute petite table dans le coin à gauche, près de la fenêtre: Elle voit la porte rouge, personne ne viendra lui caresser le dos, cette fois , ni chat, ni oiseau rare , Basta!
Elle ouvre le menu: La page est vide, mais ornée d'un grand dessin de paysage marin et de poissons. 

dessin aquarelle:Frankie Pain

" Oh Non!..Je croyais sentir le petit coq au vin ou le jus de queue de bœuf aux carottes!??"
Glissée sous le plastique un peu sale, une carte de visite du restaurant :  
                                         A. MALIGNON
Dompteur de Gourmandises
Confectionne tous vos désirs du palais.
"Oh Noooon!!
Le patron s'avance, ventre en avant, trainant savate.
"Oui,il n'y a rien sur la carte, ne vous inquiétez pas.Vous me dites ce que vous voulez manger, je le fais . J'ai un peu de tout en ce moment.
Pearl, vous n'auriez pas envie d'un petit bœuf-carottes aux oignons mignons? Après ces crevettes sur le port, c'est tout à fait approprié, non?"
///////
  Vous vous dites certainement :
Mais alors , Pearl est-elle dans le bus , 
ou bien attablée dans ce restau pas très rassurant?
et bien , à vous de choisir!!
Pendant ce temps , 
Dans un autre lieu de vacances, pas très loin ..
voyez-un peu ce qui se trame.... 
 
/////////

"Tu as vu ça?"
Non, il n'a encore rien vu, rien lu, même pas remis ses nerfs optiques en état de fonctionner. Il veut son café, quelques tartines, du beurre demi-sel..et Elle, chérie et néanmoins pénible, lui demande si il a vu ça?
" Nan! Mais t'as vu ça??"
De deux.

Normalement, il lui suffit de grommeler un inintelligible grombleveuuncafégrombleu pour qu'elle n'insiste pas. L'affaire qui l'occupe est toutefois plus importante que d'ordinaire et elle insiste:

"Mais regaaarde, Mince!"

Une chance qu'il n'ait pas encore touché au petit déjeuner standard de "L'hôtel de la griffe du Diable" .Une chance..Le premier journal de faits divers gratuit, imprimé à grande échelle sur un mauvais papier et truffé de publicités lamentables mais rémunératrices, fait la part somptueuse aux photographies les plus explicites.
encre à la plume:Croukougnouche
Un pharmacien sauvagement assassiné en Normandie, développement en page huit. 
"Ils ont pas peur de la litote, les journalistes...Sauvagement assassiné, rien que ça..On dirait qu'il a été attaqué par une tribu de Freddy, tu sais, les griffes de la nuit! Un des films préférés de mon père..."
Noémie est plutôt jolie, malgré son syndrome du varan, une maladie cutanée fort rare qui transforme sa peau en croûte reptilienne aussi souvent que possible....aussi souvent qu'elle avale des huîtres  ,son péché mignon ,son péché malin. 


dessin aquarelle :Frankie pain
Il se sent légèrement floué, un peu comme ces gens, toutes proportions gardées, qui eurent visité le jour de la grève des pilotes, une maison à proximité d'un aéroport , et l'achetèrent aussi sec. Heureusement, elle ne se métamorphose que quand elle se gave de mollusques bivalves..Mais qu'est ce qu'elle en avale, des mollusques bivalves! Elle en bouffe au petit déjeuner, au déjeuner, toute la journée!
Ce matin, lui s'est levé fort tard, et ainsi, n'en était qu'au petit déjeuner à l'heure où les personnes civilisées ont déjà passé les entrées de midi . Mais mince! Ils étaient en vacances! Il avait le droit de passer du temps agréable au lit - Si seulement c'était avec un être humain et pas en compagnie d'un reptile- et de se lever longtemps après l'heure légale...

aquarelle/pastel:feutre: Croukougnouche

"Tiens! Écoute ça: C'est la stupéfaction, à *Biiip*,où l'un des pharmaciens les plus respectés de la région a été retrouvé mort dans son officine, le corps lacéré en de multiples endroits, comme si on avait essayé de le découper avec une serpe mal aiguisée...Il y a des photos, tu vas voir...Tu m'écoutes?

-Hon!" confirme-t-il la bouche pleine.

Alors qu'elle tourne le journal vers lui, il ne voit que la peau de sa compagne en train de s'écailler convenablement . L'air hagard de l'herboriste lacéré ne l'inspire pas tellement.

" C'est quand même dingue! en plus , c'est à *Biiip*! Tu connais bien *Biiip*, pas vrai?
-Hon!" reconfirme-t-il en mangeant toujours.
" Si ça se trouve, on en parle à la télé... Dites, vous avez la chaîne Infos-faits divers-Spéciale 1?" lance-t-elle à l'employé du restaurant de l'hôtel, lequel regardait fixement, lui aussi, le syndrome du varan faire son œuvre.
"Là!" crie-t-elle dès que l'autre a obtempéré. "Là! Regarde!
- Hon! Je connais.." commence-t-il avant de s'étrangler sur une miette de toast à l'allure pourtant inoffensive.
Sur l'écran, il voit sa petite pintadine d'autrefois, en larmes , la mine défaite à la sortie d'un restaurant d’apparence fantastique. Elle est debout, assaillie par une équipe de télévision.
"....et on dit que vous êtes sans doute la dernière personne à lui avoir parlé de son vivant, est-ce vrai?
-Drôle de question!" Risque l’employé de l'hôtel tandis que le couple bizarre bée de mutisme. La pauvre demoiselle semble perdue, bien plus perdue , à vrai dire ,qu'une personne qui vient d'apprendre la mort d'un quasi-inconnu  .

"Je ne sais pas....Que vous dire ? J'étais juste ici..J'étais seulement venue en vacances pour essayer de me remettre d'une ancienne blessure amoureuse et..
-Et saviez-vous que le dernier être que la caméra de surveillance  a filmé avant de griller est un chat , un très gros chat?
-Je ne sais pas..."

Photo:V.Balaÿ
 Ses bras continuent la phrase sans plus de mots . elle sanglote très fort devant le restaurant où elle vient d'avoir un déjeuner comme elle n'en fit jamais. De l'autre côté du poste , Noémie le lézard n'en revient pas.
" Ça alors!, mais c'est...
- Oui, c'est.." Opine le jeune-homme qui ne peut détacher son regard de l'écran.
- Tu devrais peut-être aller là-bas.." fait-elle avant de se rendre compte très vite, mais trop tard , de son erreur.
Il s'est déjà levé et se rue vers la chambre en lançant:
" Faites préparer la note!
Je m'en vais!
- Gigi! Mon loulou! attends! Fais pas l' con ! Je blaguais!" Crie Noémie en courant derrière lui. " Ou au moins, laisse -moi venir avec toi!"
Le garçon reste un moment hébété en voyant disparaitre dans le couloir une sorte de lézard femelle géant à la poursuite d'un  orang-outang en pyjama . Puis il se reprend , reporte son attention sur le reportage pas encore terminé et grommelle entre ses dents :
"Il ne doit pas être content le patron, qu'on montre un de ses établissements à la télé pour une affaire pareille..."
A l'Hôtel de la griffe du Diable, le patron ne s’appelle pas Gaston, ni Léon mais Ambroise.

10/ Croukougnouche

Pearl est complètement  submergée, effondrée par les évènements qui lui tombent dessus. La meute vorace des journalistes de "Infos-Faits divers-Spécilae1" vient à peine de lâcher prise.Après le départ de la police,ils l'avaient traquée littéralement à sa sortie du restaurant, jusque devant le grand aquarium où elle avait eu envie de flâner un peu .
Il n'y avait pas eu moyen de leur échapper .!
Elle essuie ses yeux avec le mouchoir à carreaux qui ne la quitte jamais: des larmes déclenchées par cette odieuse agression paparazzienne .

Mentalement, elle rembobine ces dernières heures comme les plans-séquences d'un mauvais film:

-Le bus pris à la hâte, tellement affolée qu'elle en a perdu l'une de ses charentaises fétiches à carreaux bleus, certes un peu défraichies, mais offertes il y a si longtemps par son père ... c'est sa jeunesse perdue qu'elle abandonne ainsi : elle se sent à nouveau presque orpheline.
Et puis le souvenir brûlant attaché à ces pantoufles:
HMB...Henri-Marc Bertier, lors du long hiver dans ce minuscule studio sous les toits parisiens ...

huile sur toile-fragment :Agnès /Croukougnouche

Avant le bain de lait chaud parfumé à la cardamome, tout fumant dans la cuvette émaillée, il lui extirpe ,avec tant de douceur, ses pieds aux ongles laqués de fuchsia , de leur étui à carreaux, ces pieds qu'elle déteste en raison de leur taille ..Il les masse tendrement pour les réchauffer dans ses mains brunes ..HMB , son mentor, celui qui lui avait mis justement le pied à l'étrier pour sa rubrique dans les pages "Chroniques insolites" du grand hebdomadaire "Les Coulisses du Réel"...
aquarelle/pastel/feutre:Croukougnouche
-Retour au présent- terrifiant!
Il lui a fallu ressortir de son sac berlingot , les sandales basques de toile carmin profond, relever la longue jupe pour lacer les lanières sinueuses autour de ses souples mollets ronds en évitant la cheville blessée, tout ça sous l’œil en coulisse de l'autre côté de l'allée:
Monsieur et Madame Pêche aux moules- bermuda fleuri et sandales plastique à trous trous- Monsieur, surtout, crâne luisant et chaîne dorée dans l'échancrure poilue de la chemisette, paupière filtrante genre squale à l'affût.
Elle a, vite fait, rabattu le tissu en dentelle "Rideau!" et mis ses lunettes de soleil pour ignorer le reste du monde.
De sa petite pochette en bandoulière, elle a tiré le tube de pommade"Grycoline" et à tâtons , s'est mise à masser son bracelet de cheville-queue de chat-fer rouge . Un soulagement progressif la réconforte . Bientôt ,elle aura quitté ces régions pleines de coquilles et de chats errants au regard fou. Elle sombre peu à peu dans un sommeil réparateur....


aquarelle/pastel feutre: Croukougnouche


-L'arrivée ,après un réveil en sursaut , à La Rochelle , heureusement le terminus, sinon elle était partie pour Gibraltar!
A la descente du bus, elle a cherché des yeux un endroit propice à rassasier sa faim galopante - déjà presque 14h!
"Au mirage gourmand" lui a semblé parfait:
Allure médiévale de la façade, vieilles pierres et petits carreaux aux fenêtres et une carte sibylline qui donne envie de pénétrer à l'intérieur...Quoique  ce cuistot bizarre , trainant savate..
Mais elle est si épuisée après cette fuite loin du phare , des huîtres, du regard enveloppant couleur de vagues, loin de cette pharmacie vieillotte : elle avait d'ailleurs failli lui envoyer une pique bien sentie , à cet apothicaire libidineux ! Il avait de la chance que son onguent soit efficace!

-La viande mijotée, fondante , accompagnée de petits oignons et carottes confites, lui a procuré un bien-être intense : besoin de retrouver des saveurs lourdes, très terriennes , avec du gras onctueux , un vrai remède après l'acide relent de l'huître perlière inhalée..

aquarelle/pastel/feutre: Croukougnouche

-  Mais soudain, la rue avait fait irruption au milieu de son déjeuner, un puissant courant d'air ouvrant la porte vitrée avec fracas!
"Mlle Pearl Remember?" rugit un type en lame de couteau suivi de près par trois ou quatre micros-perche , radio-télé et tout le bazar + les curieux du dimanche massés  à l'arrière ,genre grappe humaine.
"Oui, c'est moi!" bredouille-t-elle en se levant trop vite: son assiette dessert avec tarte aux figues et coulis noisette bascule au bord de la table, déversant son contenu le long de sa jupe en dentelle.

-L'inspecteur l'avait prise entre quatre zieux pour lui faire cracher ses faits et gestes du matin-même . Elle avait appris , horrifiée , qu'après son départ, en fin de matinée,la pharmacie de la place Neuve de *Biiip* avait été trouvée vandalisée: rayons renversés, bocaux fracassés, et surtout, patron à moustaches lacéré et sauvagement assassiné. Le pauvre homme présentait de multiples blessures - des traces de griffes- profondes et bestiales.
On s'était réellement acharné sur le corps de la victime.


dessin: Frankie Pain

"Je ne sais que dire , monsieur l'inspecteur, je suis juste entrée par hasard dans cette pharmacie pour acheter une pommade anti-allergique et cicatrisante, voyez vous-même, pour ma cheville!"
Et elle avait soulevé le tissu tout plâtré de crème noisette pour exhiber la preuve de sa bonne foi ;
L'inspecteur avait regardé d'un air glacial, la cheville fine cerclée de rouge sombre. " Jolies jambes mais pieds immenses: dommage!" avait-il songé en lui-même.
" Bon ! en tout cas , pas de départ en train pour où que ce soit!" Déclara-t-il avec un sourire doucereux.
" J'ai besoin de votre déposition en bonne et due forme. Vous passerez tantôt au commissariat,Place de Verdun . 
Bonne fin de repas , Mlle Remember!"
Sitôt cette délégation journalistico-policière disparue , Pearl s'est senti les jambes très mollassonnes : Elle s'assoit et demande avec la note un café très serré accompagné d'un cognac.
Elle s'appuie sur le dossier de sa chaise et entend son portable qui glougloute: un texto.
Elle n'en croit pas ses yeux:
" T'inquiète -j'arrive vite - J'aime plus du tout les écailles -t'expliquerai- pas de panique-
te plume le bec ma pintadine-
Gilou le garou"
Des larmes se remettent à couler, d'émotion, de soulagement.
Elle se mouche avec un bruit de trompette dans le mouchoir déjà trempé , avale d'un trait cognac et café avant d'aller se changer dans les toilettes . En passant devant le cuisinier-gérant , elle dit d'une voix assurée :
"Vous direz à votre Monsieur Ambroise que je ne pourrai être à son rendez-vous de 17h, j'en suis désolée ! mais voyez! j'ai des obligations pour l'enquête!"
Elle enfile à nouveau sa robe de baroudeuse, et , ainsi sanglée, franchit avec panache le seuil de la taverne .

Elle manque de se cogner à l'inspecteur , toujours dans les parages, visiblement!
" Ah!J'ai oublié de vous dire: On a trouvé , coincée dans la gorge du pharmacien , une perle fine .
  Étonnant, non? Qu'en pensez-vous ?
A tout à l'heure , Mlle Remember, vous trouverez , j'en suis sur, très facilement le commissariat..!Je compte sur vous!"
  
///////////////

Pour le Bête Seller
"L'homme aux yeux couleur d'huîtres"
Mercredi 24 Aout 2011

LE BÊTE-SELLER "LHOMME AUX YEUX COULEUR D'HUITRES" : SUITE ANNONCEE

Chers Lecteurs(rices)


 petit dessin-ordi : croukougnouche

 Dame Frankie-Pain
M'ayant passé le relai de la publication du nouvel épisode..
Je vous annonce la parution de celui-ci pour cette fin de journée
Sur une nouvelle page 
Ici-même.
En attendant,
Vous pouvez retrouver tout le début de cette fiction pleine de rebondissements , conçue à plusieurs plumes
 ( Pomme/ Shaton/Frankie/Croukougnouche
+ le passage de Laure)
sur son blog  ,

En cliquant ici:



 dessin -aqarelle :Frankie-Pain

A ce soir!!!

jeudi 18 août 2011

TRAFICDART

Voici une vidéo du lieu de vie et d'exposition
D'un couple d'artistes espagnols 
JESUS et AMPARO






que nous avons eu la joie de rencontrer Chez Monique Barnouin
A Pierrelatte où elle possède et anime une galerie


Monique , elle même peintre , a le don d'accueillir les artistes ,
pour que le temps de leur exposition soit l’occasion privilégiée de rencontres et d'échanges .
Bonne visite à vous en ces deux lieux !




mardi 16 août 2011

Bête Seller "L'Homme aux yeux couleurs d'huitres" LA SUITE

Recommandation importante Avant de lire ce qui suit ,
C'est à dire ma contribution à cette improvisation littéraire
Hautement Frankesque et Fantasque , 
Initiée Mercredi dernier.
Veuillez cliquer sur le lien ci dessous

  LE BLOG DE FRANKIE PAIN

 Opération absolument indispensable
Pour reprendre le fil de notre histoire à quatre mains 
En allant remettre vos pendules à l'heure ,
Chez l'initiatrice et coordinatrice de ce délicieux délire
Du Lire et de l'Écrire..
Sachant que je viens après Seb Haton
et Frankie
et ensuite ...
Plongez!!
Elle devrait mettre le total nouvel épisode à 3 têtes ce soir ! 
(en fait ce matin,17 Aout très très tôt! )
Depuis , Laure a embrayé une suite gourmande ,
Tout est en rayon , colonne de droite chez Frankie,
Remontez au début , c'est fastoche ,vous allez vous lécher les babines!
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Pearl regarde vite sa montre jaune en plastique étanche : déjà 11h;
Elle n'ose pas tourner la tête derrière elle: Ce qu'elle entend suffit amplement à lui faire dresser les cheveux sur le crâne:
" MRROUING! KFSSS!" Et la galopade feutrée accélère. 
Elle visionne au mental toutes les babines, les dents , les moustaches , Elle qui kiffe normalos tous les chats de France et de Navarre, à rayures , à taches etc..,elle en a des sueurs froides: Tous ces poils en mouvement!




 Elle tressaute du palpitant. Vite! Ripe à droite, puis à gauche vers le centre piétonnier, manque de binguer grave contre un acacia du Japon, les lanières de ses sandales catalanes lui dégringolent du mollet, elle rebondit, affolée de l'épaule , le long de la devanture de la boulangerie "Chez Camille" où elle s'engouffre pour échapper à la meute féline.
Calme odeur de brioche à l'intérieur .
Dehors, derrière la vitrine, dressés sur leurs pattes arrière, les minets féroces alignent leurs museaux au ras des choux à la crème et des bavarois framboise. Des pattes griffues grincent contre la vitre. Certains matous se mettent  à sauter violemment contre la porte.

Madame Camille: "ah! Ça! Encore ces maudits Miaous des Rochers!
La mairie a décidé de les protéger! Patrimoine local qu'ils ont dit! Mais ce ne sont pas eux qui supportent les dégâts! Un chat ça va! J'adore! Mais 50 en troupeau, ça commence à faire! En plus, ils ont toujours faim! Vous verrez qu'un jour on aura un accident!
Bon, à part ça , qu'est-ce que je vous sers?"
Perle tousse, tousse et cligne des yeux, une poussière sans doute, et encore le souffle saccadé de sa course échappatoire!
"Euh! Un éclair au café" dit-elle.
Elle jette un regard de côté: Les chats ont disparu, le camion nettoyage est en train de passer dans la rue avec ses brosses rose-fluo et le vacarme a visiblement fait fuir ses poursuivants.
Elle paye son petit gâteau qu'elle engloutit immédiatement en sortant de la boulangerie pour se remettre de ses émotions . La voie est libre : elle remonte sans se presser la rue des Crécelles et s'arrête bientôt pour relacer correct les lanières de ses sandales.
Mais ça chatouille bizarre du côté du nez :
Elle fouille dans son sac trop grand: Un gouffre sans fond où elle transporte sa maison en raccourci, alors, le mouchoir à petits carreaux qu'elle a gardé par nostalgie de son Gilou enfui avec la coquine d'Oléron, elle a bien du mal à le trouver! Pourtant , l'affaire est urgente , elle sent monter pire qu'un éternuement, peut-être une allergie..Ouf!le tissu vaste et doux accueille le bruit assourdissant de l'explosion nasale qui la laisse pantoise et larmoyante . Mais aussitôt, un haut le cœur la saisit: Un corps d'huitre couleur d'aigue- marine git au creux du linge de l'amant perdu . Se peut-il qu'elle ait avalé ce mollusque à son insu, en une fausse route pernicieuse et qu'il ressorte ainsi propulsé par ses sinus agressés...?
Pourtant, durant l'étrange face à face avec l'homme aux yeux pairs, elle est certaine de n'avoir en rien touché aux coquillages offerts sur cette immense assiette vert émeraude . A moins que.. Les yeux envoûtants avaient capté les siens en une douce mélopée de regard désirant, les pupilles si noires au milieu des volutes vertes et brunes comme une huile capiteuse. Elle s'était sentie aspirée malgré elle par la voix grave, les mains voletant au dessus des coquilles, la belle bouche charnue gobant sans cesse les délices de la mer tandis que le pied nu aux orteils insidieux explorait son creux poplité en émoi..

Pleine de répulsion, elle saisit ,avec un rictus dégouté, le lambeau gluant pour le jeter en pâture aux oiseaux de mer: Mais soudain, elle sent sous ses doigts une petite masse dure, un os dans l'huitre???Une hérésie transgénique? Son instinct de chroniqueuse lui agite la clochette sous le nez. D'un index habile elle fouille la chair décrépite et dégage une perle de belle taille à l'éclat laiteux . Frottant d'une main l'objet contre sa poche-poitrine, elle expédie de l'autre, le cadavre direct au caniveau.
Ce faisant, elle a senti craquer sur son sein gauche la carte glissée précédemment . elle l'extirpe tout en remarquant au toucher le rythme désordonné de son cœur d'oiselle pintadine ... Les aventures prennent, ce matin , une tournure propre à échauffer ces jours de vacances tardives.
Dans sa main gauche , le bijou sauvage repose tiédeusement au creux de la paume. La carte un peu gondolée du séjour poitrinaire est ainsi libellée, sur fond turquoise profond : 

AMBROISE MALIGNON
Séduction Animalière
Apprivoisements en tous genres.

Suivent une adresse et un contact téléphonique.
Sentant un léger picotement au niveau de sa cheville, elle s'assoit sur l'un des bancs de la promenade , toute émue par sa trouvaille perlière.
La robe étroite rendant la manœuvre malaisée, elle ôte quelques boutons du bas et, croisant les jambes, elle examine de plus près sa cheville droite: La peau blanche porte une fine marque circulaire, une sorte de tresse légèrement en relief, comme si le contact de la queue du gros chat mangeur de crevettes avait laissé une empreinte brûlante . Se retenant de gratter cette démangeaison potentielle, elle place soigneusement dans son porte monnaie, la perle éternuée.
"Soigner au plus vite cette brûlure!" se dit-elle. Marchant vers la place Neuve, elle entre dans la première pharmacie . Un carillon à l'ancienne retentit, l'espace de l'officine ,plutôt sombre, est coupé par un immense comptoir de bois lustré.


 
 Les rayonnages chargés de médicaments montent jusqu'au plafond orné de caissons peints de scènes mythologiques, mais il est si haut qu'elle ne peut guère en voir les détails. Un homme moustachu a surgi du fond de la boutique et attend qu'elle s'avance vers lui.
"Je voudrais une pommade apaisante pour une brûlure" dit Pearl en posant son sac-polochon à rayures berlingot sur le bois luisant du comptoir. "Oh! Mais une brûlure, ça peut être grave! Pouvez-vous me montrer, je vous prie?" Dit-il en passant de son côté. Il l'invite à s'assoir sur une banquette , et elle tend sa jambe droite en désignant la cheville .




"Très curieux! comment diable vous êtes-vous fait cela?
-Un chat m'a attrapée avec sa queue!" Tout en disant ces mots , elle en ressent toute l'absurdité: Qui pourrait bien croire pareilles sornettes?
Mais la tête au crâne dégarni se relève brusquement et le pharmacien lui lance un regard amusé "Vous n'avez pas l'air d'une souris verte, pourtant! 
-Oui! mais j'ai horreur des huitres, c'est pour ça! On a voulu m'y obliger!
-Mais à quoi?
-A en manger! c'est ce chat qui m'a capturée par la cheville, ce n'est pas compliqué tout de même! Et puis ça ne vous regarde pas! Donnez-moi une pommade et je me débrouillerai!" Pearl s'énerve un peu en parlant, elle a envie de partir de cet endroit étouffant .
L'homme lâche la jambe légère, non sans avoir laissé glisser ses doigts sur la peau douce.
Il s'éclipse entre les étagères et revient avec un tube dans une boîte cartonnée: " Grycoline" , ce sera parfait pour ce que vous avez!"
Il toussote et renifle en la toisant de haut en bas d'un œil quasi lubrique " Je serais vous, j'éviterais de manger des coquillages près du phare , ce n'est pas un endroit pour les demoiselles en vacances!
-Mais je vous ai dit que  JE NE MANGEAIS PAS DE COQUILLAGES!!
-D'accord, mais si vous avez vu un chat qui mange des crevettes..."
Pearl a de plus en plus chaud, et le bracelet cuisant de sa cheville est à la limite du supportable. Elle ouvre son porte-monnaie pour régler son achat, et dans sa précipitation, laisse échapper la perle qui se met à rouler sur le comptoir jusqu'à la main du pharmacien qui la cueille avant la chute.




"Hmm! Beau spécimen! Cela fait bien longtemps que je n'en ai vu d'aussi grosse! Trouvée dans une huitre, je suppose?"
Il émet un couinement et un clappement de langue en lui tendant le trésor  miniature .
"Faites attention, vous qui avez horreur des plateaux de fruits de mer, peut-être êtes vous aussi allergique aux perles? Enfin! Si c'est les cas , sachez que je suis preneur au prix que vous fixerez, ou bien , si vous préférez , j'ai en rayon d'excellents antihistaminiques en comprimés ou gélules. Car il serait dommage de priver un si joli décolleté de parures nacrées."
Pearl en a assez de ce manège sournois de lorgneur aux mains moites.
Elle saisit la petite sphère opaline, fait claquer le fermoir de son porte-monnaie pour la mettre en sureté . " Merci pour tout, au revoir Monsieur!" dit-elle d'un ton sec.
Elle franchit le seuil de la pharmacie avec soulagement.
Le carillon résonne dans son dos.
Le ciel est sans nuages et les mouettes se poursuivent en criant au dessus de la plage.
Pearl s'engage dans la ruelle conduisant à son logis vacancier.
Elle a très faim, malgré l'éclair au café.
C'est normal, Midi sonne à l'horloge de la mairie.