mercredi 30 décembre 2009

The Ghost and Mrs Muir

 En guise de cadeau de fin d'année, quelques passages de l'un de mes films fétiches....
De Leo Mankiewicz .
Petit clin d'œil :  avez vous remarqué , dans le dernier film de Alain  Resnais , "Les herbes folles ",le personnage joué par Sabine Azéma s'appelle Mlle Muir.... surement pas un hasard...












mardi 29 décembre 2009

Fondu au Noir ,suite et fin .


Il eut du mal a retrouver l'endroit où il avait garé sa fourgonnette vert-vif " Les Jardins de Cendry"  , c'était dans la dernière travée, tout près de l'entrée du complexe culturel. Il s'assit au bord du coffre , et en bougonnant ,réussit à dégager ses pieds de ces maudites chaussures de roi de la piste..


Dans la caisse où il gardait toujours ses vêtements de travail il attrapa les godillots de trappeur avec les grosses chaussettes qui allaient avec :
bon , bien sur ce n'était pas du meilleur effet
avec le costume -cravate,mais personne n'était là pour constater la faute de goût , surtout pas Françoise ,qui devait commencer à se demander où il était passé....
Mais ,vu qu'il l'avait laissée en grande discussion "rendements et prospectives" avec le directeur de "l'Hyper-Globus"qui avait tendance à lui roucouler dans le décolleté,( grand bien lui fasse!!),il avait une bonne marge pour souffler un peu...

Mais tout alla très vite dans sa tête : tout ce tralala , ce n'était pas pour lui.
Elle avait jeté son dévolu sur sa personne au salon des "Mains vertes" où il présentait son espace- jardins et paysages- , il n'avait pas eu le temps de respirer qu'elle lui avait déjà fourré sa langue dans l'oreille et que l'affaire était bouclée.
C'était le moment où jamais de prendre la poudre d'escampette...


Il se faufila en tapinois entre les rangées de véhicules et posa bien au milieu du terre-plain herbeux les noires sentinelles , comme deux corbeaux fâchés, et ne put retenir un ricanement  triomphant.


La camionnette ,bien chauffée , longeait maintenant les rues désertes ,jusqu'aux abords du centre-ville.
C'est juste en face du Grand Café Meylland ,au bord du trottoir qu'il la vit soudain , piquée à côté d'une petite fiat Uno . Malgré le bonnet de lutin gris-souris et l'écharpe enroulée jusqu'aux yeux, il reconnut les jambes minces dans les collants bleu-vif :la petite-gentille du magasin de chaussures , toute perdue dans nuit! " Et bien! qu'est ce qu'il vous arrive ? " dit il en passant la tête à la portière.
-La batterie,je suppose ! et là haut on m'attendait pour souper! çà fait une heure que j'ai appelé le dépanneur de l'assurance ,mais un 31 , faut pas espérer des miracles! Mais je vous reconnais! : les bottines Cerutti ,pas vrai?


- Tout juste ,belle Demoiselle ! mais j'ai laissé mes souliers au bal , montez donc dans mon carrosse, pas de risque qu'il se transforme en citrouille!
Par contre ,moi, je suis redevenu rat des champs ,pour vous servir!
  Admirez un peu mes pattes !" 
Il avait d'un bond sauté sur la chaussée et esquissé un pas de gigue  en frappant le sol avec ses grosses chaussures.


Maintenant ,la camionnette grimpe vers la montagne , c'est trop tard pour la fête,
Mais les arbres défilent en ombres chinoises , il y a même de la neige sur les talus.
La petite est d'un village perché derrière la crête .
Elle a retrouvé son sourire timide ,et ils discutent à voix basse pour ne pas bousculer l'étrangeté de cette ballade dans la nuit .
Avant de prendre le chemin vers la ferme ,il arrête la voiture et tourne la tête vers elle :  doucement ,il caresse les cheveux fins pour glisser la mèche ,juste  comme ça , derrière son oreille..

A sa montre , il est minuit , il est demain .


En bas ,dans la vallée , Deux chaussures oubliées dans le noir.


FIN



lundi 28 décembre 2009

Fondu au Noir .



il faut qu'il respire ,vite!!

 Il a ouvert la porte coulissante de la salle des fêtes .
Dehors le crachin glacé,mais il est sauvé.
il entend les basses de la sono pulser profond
au creux de son estomac.
il marche le long du parking ,
et le gravier crisse sous ses belles chaussures pointues,
Françoise avait dit " Y'en a marre de tes tatanes de bouseux!"
et dans le magasin chic, il avait essayé au moins dix paires
avant qu'elle dise enfin" Oui , celles-là ,c'est la classe!"
elle ne lui avait même pas demandé s'il était bien dedans.
La vendeuse lui avait souri en replaçant les chaussures de cuir épais
Dans leur boîte .
Il avait souri ,lui aussi en lui tendant sa carte bleue,à la caisse.
Elle avait une raie sur le côté et des petits cheveux fins,
Qu'on avait envie de caresser pour lui remettre sa mèche
juste bien, comme ça,derrière l'oreille.
En sortant de la boutique ,Françoise lui avait pris le bras,
Avec un geste de propriétaire.
C'était le dernier nouvel-an avant qu'elle vienne habiter avec lui,
et elle avait décidé qu'ils arroseraient ça au bal de fin d'année
De son entreprise de plats bios sous vide;
Elle avait tout organisé,
Et ce serait l'occasion de le présenter à sa famille et à ses amis.
Mais la soirée avait tourné bizarre ,
C'était la faute à personne,
tout avait pourtant bien commencé..



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dimanche 27 décembre 2009

La nuit d'hiver



Très loin ,au nord de Montélimar,
après avoir traversé les brouillards ,
Il arrive qu'on parvienne complètement par hasard
en des lieux hors du temps..
L'imaginaire prend le pas sur les souvenirs,
Les promenades se font épopées ,
Et la neige se met alors à tomber
Juste au bon moment,
Quand les lumières du village se sont allumées une à une ,
Loin, tout en bas ,

Alors que ,perdu dans les bois sur la colline,
vous désespériez de retrouver le sentier
Avant que le grand méchant loup
Ne vous ait rattrapé, au détour du dernier buisson de houx ..

Mais voici le havre qui se profile,
Niché dans la douceur du tapis blanc ,
Et la silhouette amie avance à votre rencontre:
Bientôt la chaleur ,
La saveur du vin chaud 
Dans le verre brûlant.... 

L'hiver offre des retrouvailles
qui sèment  dans nos tiroirs
Les chocolats de l'enfance :
Quelle magie de les ouvrir de temps en temps 
pour y puiser de quoi enchanter 
le présent de nos vies!




mardi 22 décembre 2009

Parenthèse


Les chats en boite veillent sur les deux autres
Qui ne pensent qu'aux escarmouches dans le salon!



                                                                           

A la maison du Courbier,
Petite parenthèse de fin d'année,
Donc blog en vacances.... plus ou moins....
Mais en attendant , petit avant gout des beaux jours...

Blanc comme neige:



Et un peu de couleurs s'il vous plait!!!



Passez tous de doux moments avec ceux que vous aimez!

samedi 19 décembre 2009

jeudi 17 décembre 2009

Apprivoiser


Grise Ombrelune,

Au royaume des chats 
Tu étais sans nul doute
Princesse de Mamourraska..

Un jour,errant sur la grand-route,
Tu es venue chercher fortune
Et nouvel abri  en nos murs.

Depuis, 


Toujours ombrageuse 
Tu décourages la caresse,
Mais à frotte-fourrure
Tu te fais parfois enjôleuse,
 Tendre ogresse .



Photos d'Ombrelune : V.B


 autre texte+ photo sur "Miscellanées",
blog de Christian 
auquel je participe parfois.

mercredi 16 décembre 2009

Couleurs -Musique


Beaucoup de légèreté et une ravissante vidéo pleine de couleurs qui s'amusent à faire un pied de nez à la grisaille!
J'ai trouvé ce petit bijou sur imaZine , blog d'un jeune artiste poète et photographe qui développe un travail d'écriture allié aux images , très personnel , cliquez sur l'en-tête "couleurs -Musique " pour aller lui rendre une petite visite!

mardi 15 décembre 2009

Juste avant le jour...






Très très tôt.

Je passe devant la fenêtre ,
La lune perchée au dessus des peupliers,
La lumière couve au bout du champ.
Les matins d'hiver ,
Je n'aime pas trop sortir dans le froid
Mais après le thé,
Le feu rallumé,
Les chats ravitaillés,

Cette mise en page à la Magritte,
Comme ça , juste au bon moment...
Vite , pieds-nus ,aller chercher l'appareil
pour cueillir l'instant:
Ouvrir la fenêtre ,
Brrrrrr!
Glaglagla!

CLIC!



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dimanche 13 décembre 2009

Les heures perdues-6

Source Photo : Myrtille Ruel . cliché  retouché sur Picasa  par mes soins .

Le camion de déménagement s'engagea dans l'allée du parc .
Machin avait refermé la haute grille ouvragée  et remontait tranquillement ,  à pied ,vers la maison en compagnie de Gustave  . La pluie de la nuit avait fait tomber les dernières feuilles .
La végétation ,très dense ,cachait encore la propriété , qui apparut peu à peu ,après une courbe de l'allée .
C'était presque un  petit manoir , un large corps de bâtiment flanqué de chaque côté d'une tour ronde à petites fenêtres . Sur la gauche , une grande serre vitrée laissait deviner la luxuriance de plantes et fleurs exotiques.
A droite un pavillon de taille plus modeste servait de maison d'amis  , donnant sur l' immense prairie parfaitement entretenue ,au milieu de laquelle  miroitait l'ovale d'un bassin bordé de buissons  de buis taillés.
Le conducteur du camion sauta lestement de sa cabine et s'avança vers les deux hommes :
"J'ai fait comme convenu, La dame de l'hôtel avait tout préparé dans des caisses et des cartons , mais finalement , il n'y avait pas grand chose , et ça  n'a pas trainé ! enfin! voyez vous-même : tout est là!" dit-il en ouvrant le hayon de son véhicule. Avec l'aide de son commis  il transporta tout son chargement dans le grand vestibule au sol de pierre blanche  . En tout et pour tout , il  y avait 3 caisses en bois assez imposantes et une dizaine de cartons .
" Ah! tant que j'y pense , Madame Circé m'a demandé de vous remettre ceci en mains propres , ouf! un peu plus et j'allais oublier!!"
Le déménageur  tendit à Machin une boite cubique munie d'un couvercle  .
Celui-ci l'ouvrit et eut un sourire en lançant à Gustave  " C'est donc là cette pièce exceptionnelle dont vous m'avez tant rebattu les oreilles ,et pour laquelle je vous ai donné carte blanche??? "
Gustave éclata de rire " Oh! mais non ! ceci n'est que l'instrument du prodige !! laissez-moi l'après midi , allez vous promener ,et ce soir ,vous verrez..."
Machin dégagea du papier de soie qui les protégeait, deux petits personnages couleur ocre , deux danseurs en papier mâché .  il les disposa sur le dessus d'une console  , enlacés , prêts à s'élancer .
"D'accord , mon cher Gustave , j'ai un déjeuner à Senlis , je ne serai de retour qu'à la nuit tombée , je trépigne d'avance en attendant de découvrir votre œuvre!!" 


Gustave , depuis le perron, suivit du regard l'élégante voiture noire qui s'éloignait entre les arbres , et remonta rapidement les quelques marches : il avait du pain sur la planche !!
Avec l'aide du déménageur et de son jeune employé ,il déplaça les caisses jusqu'au lieu de l'installation de sa "Mise en Espace d'Art Total" , puis , il les congédia, la suite étant affaire de spécialiste et , surtout , devant rester absolument confidentielle . Pour être sur de ne faire aucune erreur au niveau du montage , il s'assit dans une bergère fleurie et se plongea dans la lecture des notes contenues dans un épais classeur noir , tiré d'une sacoche qu'il avait sortie du premier carton .
Machin avait prévu une réception la semaine suivante , une pendaison de crémaillère  en quelque sorte , où il comptait subjuguer ses invités et les convaincre ainsi , si ce n'était déjà fait, de son talent de découvreur et d'initiateur des tendances de l'art de demain..
Gustave avait relevé le défi , pour une enveloppe à la hauteur de celui-ci....



Découvrez la playlist les heures perdues avec Erick Satie
 



photo Vincent Balaÿ , spectacle " Carré Curieux"  , La Cascade, Maison des Arts du clown et du Cirque,  à  Bourg st Andéol ( 07 ) 
 

                                                                         FIN

                                                      dimanche 13 décembre 2009


samedi 12 décembre 2009

Les heures perdues -5



Victor était rentré tout ragaillardi à l'hôtel . Le petit vin du pichet, fort honnête , lui avait allumé les joues ,et la situation ne lui semblait plus si morose .
Pas de lumière derrière la porte vitrée de la loge, il monta rapidement l'escalier ,entra dans le couloir comme dans un tunnel . La chambre" de la danseuse" l'accueillit confortablement .
Et hop! il expédia chaussures et vêtements au pied du lit en un tas informe et décida de tester sans attendre l'état de la plomberie locale.. Il raffolait des bains et n'avait pas eu l'occasion de s'y prélasser depuis des lustres , étant équipé d'une douche spartiate dans son petit appartement de l'esplanade à Nîmes .
AAh ! mais bientôt, après Machin , à lui le jacuzzi privé !!!
Il fit couler l'eau presque brûlante ,étirant les jambes et remuant les orteils avec délices.
La vapeur fumait au ras du bain ,créant un état d'apesanteur  bienheureux..
Après ce moment de détente , le contact des draps usés mais très doux lui rappela les étés passés dans la maison de sa grand-mère . Le lit, point trop mou promettait  une nuit agréable .
Pas de poste de télé dans la pièce , ce qui tombait bien car il exécrait cette lucarne hideuse comme un œil borgne inquisiteur posté systématiquement dans tous ces lieux de résidence éphémère, comme un objet incontournable de la civilisation universelle!!
Tirant sur ses genoux la couverture épaisse et un peu rêche, il attrapa sa sacoche pour revoir les points clé   de son projet-création: il allait craquer sec ,Machin! 
Lui , Victor , il était le seul à avoir déposé ce concept de "Volumes Virtuels " et de " Végétation onirique ", issu de son travail de plasticien , très personnel et déjà reconnu par quelques critiques branchés .
En tournant les pages , il tomba sur l'image inconnue..
Il examina plus attentivement ce décor de larges feuilles vert vif.
Derrière, les frondaisons devenaient émeraude sombre  , d'où semblait émerger cette silhouette imprécise. à l'arrière-plan, sur la droite , on imaginait une bâtisse ,noyée dans une saturation lumineuse tremblée.
Il toucha du doigt le carton-bulle plastifié ,identique à ses autres documents .. vraiment troublant..
Le couple de sculptures enlacées semblait le narguer , depuis la table de chevet où l'avait placé .
"Demain serait un autre jour !"pensa-t-il avant d'éteindre  la lampe....

Les ténèbres insondables ,comme un chaud magma , l'inconscience du sommeil ,en un lent mouvement concentrique entrainèrent le dormeur vers des  régions ignorées : Victor eut la sensation imprécise de frôlements tandis-qu'un piano désaccordé jouait, très loin, une valse de Déodat de Séverac .
Le son devint plus proche  et des mains sur sa peau  imprimaient une invitation  à la danse ...
Ce rêve  plutôt agréable lui fit ouvrir les yeux :
Dans un état proche de la paralysie , il découvrit , étroitement collé à son torse ,le buste pâle de l'hôtelière .
Sa chevelure  était une sombre et voluptueuse tenture déployée de chaque côté de son visage aigu .
Avec une force insoupçonnée ,ayant glissé son bras gauche sous ses épaules ,elle se redressa , l'attirant contre elle . La joue enfouie dans ses cheveux , il sentit le contact du tapis sous ses pieds nus .
La ritournelle  avait pris des résonances  impérieuses , sa partenaire , lentement  ,se pencha vers lui , et son regard impénétrable , noir comme l'encre ,l'aspira vers le néant .
La dernière chose dont il eut conscience ,fut le goût de bergamote teinté d'amertume des lèvres rouges,buvant sa bouche avec avidité , ainsi que le contact  d' ongles pointus ,ancrés dans son dos...
La  danse  , jambes emmêlées , ventres soudés , la danse  hors du temps , la danse ,visage aux dents nacrées ,la danse pour oublier..


 
 Gouache acrylique sur papier ( fragment) :A Mottelet


mercredi 9 décembre 2009

chat étrange


Ce chat nocturne , à pas feutrés,
traverse nos rêves ,
imaginé par JUNKO MIZUNO www.roqlarue.com
 
Artiste trouvé sur Outrepart , décidément une mine ,
lien trouvé sur le blog de La méduse et le renard.



mardi 8 décembre 2009

Des escargots plein la tête: intermède chapelier

"Les Heures perdues" me prenant un peu la tête,
J'ai les méninges qui cloquent..
Autant camoufler ce désastre sous un chapeau adapté..
Au chaud , ça mijote..
Suite et fin des aventures de Victor prévues je pense pour Dimanche ..

 


en attendant , je tricote , et les laines s'emberlificotent aux mots:
Quelle embrouille en perspective!
Ne perdons pas le fil..

 
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lundi 7 décembre 2009

Les heures perdues-4

Photo issue du site OUTREPART ( cliquer sur "les heures perdues-4")

La lumière tremblotante ,à travers la porte vitrée l'attira , tel un papillon affolé: la géante tenancière , alanguie sur une chaise dormait, alors que de sa table de cuisine montaient des flammes ,en volutes bleutées ne semblant rien consumer .
Soudain , elle ouvrit les yeux , et son regard le transperça, de plein fouet.
En sursaut ,il se redressa ,les bras affolés battant l'air . il mit un moment à situer l'endroit où il se trouvait.. il s'était endormi tellement profondément. Sa nuque douloureuse le tiraillait et il se leva, tangua un peu ,encore groggy de cette sieste quasi comateuse .
Le miroir de la salle de bain lui renvoya l'image d'un visage éberlué : cheveux bruns hirsutes et menton râpeux.. Faudrait arranger l'animal pour la rencontre cruciale du lendemain!
Mais son ventre gargouilla ,lui faisant consulter sa montre : "Fichtre ! mon cher Victor ! déjà 21 h! un peu tard pour pêcher les moules ,n'est-il point? , sans doute , se rabattre sur l'entrecôte sera-t-il nécessaire ?- oui, mais tant qu'il y a de la frite il y a de l'espoir! " soliloqua-t-il gaiement en enfilant vite fait ,tout l'attirail du piéton parisien en mauvaise saison : chaussures ,blouson chaud , écharpe et... il tendit la main vers la deuxième étagère de l'armoire : le couple dansant y était revenu .. pourtant il se souvenait de l'avoir placé devant la fenêtre, juste avant de sombrer..
Perplexe, il fit le tour de la chambre , rien ne manquait, mais le gros classeur noir de son book se trouvait posé sur la table à gauche de la fenêtre alors qu'il lui était tombé des mains , sur le lit.
Fébrilement, il tourna les pages pour vérifier qu'aucune ne manquait , sa main s'immobilisa : un feuillet inconnu s'était glissé à la rubrique "rêves éveillés" :
une silhouette de dos , étirée et déformée se balançait au milieu de feuillages vert saturé,on percevait une trouée de lumière à droite ,avec une idée de construction , dans le flou . Il eut un nœud à l'estomac ,réalisant que l'"on" était entré dans la pièce pendant son sommeil .il bondit vers la porte : fermée à clé , de son côté.
Cela n'augurait rien de fameux pour la nuit . " Ne pas délirer, mec, ne pas psychoter!! il y a obligatoirement une explication.Mais d'abord!! manger! on y verra plus clair ensuite!"
Remontant le zip de sa veste , il ferma la porte de sa chambre et suivit le couloir,
Mais, pris d'une subite impulsion, il revint sur ses pas : cric-crac fit la clé : enfournant dans sa sacoche le book et, il ne savait guère pourquoi,les deux sculptures,il balança le tout sur son épaule et descendit enfin l'escalier.
Dans le hall , l'obscurité , à peine tempérée par un lampadaire au dessus des deux fauteuils .
Derrière l'accueil , une vague lueur derrière une vitre à petits carreaux :
avec une certaine appréhension, il risqua un œil: ouf! pas d'incendie sur la table de cuisine , on entendait le murmure de la télévision et le dos imposant de Madame Mystère occupait un rocking-chair à têtière , tout était clean..
Il poussa la porte de l'hôtel: l'air froid et humide le saisit et il pressa le pas , traversa au feu rouge et s'engouffra dans l'accueillant brouhaha du premier restaurant: un italien.. tant pis pour les frites ! il était tellement affamé après toutes ces émotions qu'il aurait dévoré n importe quoi ,à partir du moment que c'était chaud et copieux ,
La serveuse qui s'approcha de sa table, cheveux courts-blonds-faux n'avait pas les yeux noirs ,"A part les pizzas vous avez aussi le plat du jour , le lapin aux pruneaux avec frites ou tagliatelle, ça vous dit?
-Et comment! avec les frites et petit pichet de rouge , ça sera parfait !
-Ok , ça marche !"
Victor poussa un soupir bienheureux .. les frites .. et demain ..bingo avec Machin!

dimanche 6 décembre 2009

Les heures perdues -3 , revenez en arrière

Pour lire la suite des "Heures perdues " retournez juste avant le dernier billet "ambiance musicale " , elle se trouve là , par une fantaisie de la technique!!!
D'autre part n'hésitez pas à aller faire un tour sur Miscellanées (le blog de Christian Cazals dans ma liste de blogs-amis) où j'ai écrit un billet faisant suite à notre écriture croisée d'une petite fiction aléatoire : ROMAN-PHOTO ( billets sur mon blog et celui de Christian , Miscellanées , consulter les libellés ,pour renouer le fil)

bonne soirée à tous!!

samedi 5 décembre 2009

Ambiance musicale pour Les Heures perdues...



La nuit tombe sur Paris , La chambre 22 , quel sera le sort de Victor ?.....
En attendant, écoutez donc cette petite histoire en chanson ,
pour vous tenir un peu en haleine..
Tout le reste de l'album vaut également le détour
Découvrez la playlist croukougnouche avec François Audrain

vendredi 4 décembre 2009

Les heures perdues- 3

 
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Les sculptures sont de Claude Roche, cliquer sur le titre "les heures perdues-3" pour visiter son site.

La chambre ,dans la pénombre , se matérialisa brusquement quand L'étrange hôtelière eut allumé le plafonnier: "Je vous laisse vous installer , si vous avez besoin, sonnez dans le hall, mon appartement est juste derrière ." Avec un léger sourire ,elle passa devant lui et il put sentir à nouveau le parfum qui l'avait troublé dans l'entrée : un mélange d'effluves surannées ,de rose et de patchouli éventé .La porte refermée , il sentit le poids de la fatigue le submerger. Seulement 18h ..mais en cette saison la nuit était déjà là, insidieusement .
De lourds rideaux vert sombre encadraient la fenêtre . Pas de doubles-vitrages : la rumeur de la ville , à cette heure de pointe , créait un ronronnement diffus qui berçait son engourdissement.
Se secouant, il posa son sac sur le dessus de lit , du même vert que les rideaux.
Sur les tables de chevet , deux petites lampes à abat-jour d'opaline orangée , qu'il alluma pour tenter d'endiguer la torpeur qui le gagnait irrémédiablement .
Quand il eut quitté ses chaussures , calé les deux oreillers derrière lui, il ouvrit son épais dossier : constituer ce book lui avait pris toute l'année dernière et il espérait que la rencontre avec Machin serait décisive pour sa carrière .
Gustave avait servi d'intermédiaire . Ce n'est pas qu'il l'appréciait beaucoup , mais ce baratineur de foire avait tellement de contacts ,qu'il aurait fallu être un peu stupide de refuser cette opportunité.
Gustave était ce qu'on appelait un "Inventeur d'espaces " ,il créait pour "les imbéciles fortunés" ( selon ses propres termes) un cadre à la mesure de leurs prétentions , et avait ainsi toute une kyrielle d'artisans et artistes aux abois qui lui mangeaient dans la main ...
Machin était peut-être un imbécile , mais il avait , dans la vallée de l'Automne, une somptueuse demeure qu'il comptait bien rendre unique , onirique , stupéfiante..
Or , Victor ,exposant au salon NIMAGINE , l'année dernière ,avait rencontré Gustave qui était tombé en arrêt sur ses créations.
Victor avait conçu et mis au point des œuvres mêlant peinture et illusions optiques.
Des dispositifs numériques ingénieux rendaient les images mouvantes , évoluant subtilement selon l'heure, la lumière ,la température . L'ambiance sonore créait également des "perturbations plastiques" , altérant, selon l'intensité des sons, couleurs et contrastes.
Mais il était trop tard pour contacter Gustave , il devait avoir quitté ses "Moules à gaufres" , espérons qu'il n'avait pas rencontré un capitaine Haddock qui l'aurait saoulé au whisky!!!
Victor se leva pour ouvrir l'armoire ,en face du lit : d'un côté, la penderie accueillit sa grosse veste matelassée
et son écharpe grise .
L'autre porte bloquait un peu , il dut tirer de toutes ses forces .
Le battant céda d'un coup en grinçant ,et Victor resta figé:
Sur l'une des tablettes , un couple de danseurs , de petites sculptures enlacées , immobiles.
Il les prit délicatement : quelle légèreté! , ce devait être du papier mâché ..
Afin de mieux les examiner ,il les posa sur le renfoncement de la fenêtre , où le jour tombant leur donna un curieux relief.
Il inspecta tout l'intérieur de l'armoire : rien d'autre.
Puis il se souvint des termes de sa logeuse: "la chambre de la danseuse"...
Il sortit sa trousse de toilette , alla vérifier que les robinets de la salle de bain ne suintaient pas et que la baignoire n'hébergeait pas d'éléphant ( c'était un fervent admirateur de Brigitte Fontaine ,la poétesse allumée.)
Rassuré , il décida de s'accorder une petite sieste jusqu'à l'heure du dîner .
Ensuite , il se sentait d'attaque pour affronter une bonne ration de moules -frites dans une brasserie du quartier.

jeudi 3 décembre 2009

Intermède chapelier

 

dernier né : casque à petites antennes .
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mercredi 2 décembre 2009

Les heures perdues - 2

 peinture sur papier: Agnès Mottelet


Le hall était très sombre et encombré de tout un fatras d'objets empilés à droite du comptoir de réception .
Une vague odeur d'humidité et de vieux parfum d'encens flottait dans les lieux, personne à l'accueil.
Avisant une sonnette à l'ancienne , il la fit tinter deux fois ,puis se retourna pour s'installer dans un des deux profonds fauteuils de velours râpé flanquant une table basse enfouie sous des revues de pêche
et des "VOGUE" vieux d'au moins 10 ans..
Un bruissement le fit sursauter, puis la voix , grave et veloutée : "Que puis-je pour vous?" Il se leva d'un bond , laissant tomber bruyamment la lourde publication sur papier glacé ,dont la tranche lui ruina le dessus du pied gauche.
Retenant un juron, il afficha son sourire de voyageur du dimanche et posa ses deux mains qu'il avait très longues et imberbes sur le bord du comptoir de bois verni.
La réceptionniste ou patronne de cet établissement était d'un abord bien surprenant :en premier lieu , son visage ressemblait trait pour trait au tableau posé par terre ,contre le mur , elle était immense et anguleuse , vêtue de superpositions d'écharpes bigarrées , du moins pour ce qui était visible.
son teint blanc rendait ses yeux presque menaçants de noirceur, tandis que sa bouche souriait , très rouge , en dévidant des phrases de bienvenue " Vous avez de la chance , j'aurais du fermer déjà hier , mais les déménageurs ont eu du retard , ils ne sont pas encore rentrés de leur dernier contrat en province , je peux vous dépanner pour une nuit ou deux , si vous n'êtes pas trop exigeant pour le petit déjeuner ! j'irai chez le boulanger de la rue , il ouvre à 7h , et il me reste du café ..
Si vous voulez, suivez-moi , je vais vous montrer une chambre , vous verrez si cela vous convient."
Elle se faufila derrière l'accueil, et apparut devant lui :
il eu le souffle coupé en découvrant la taille de ses pieds,enchâssés dans de spectaculaires bottines de cuir à damier noir et blanc , dont la hauteur de talons rendait son entrée en scène encore plus théâtrale .
Sa jupe noire d'étoffe luisante découvrait des mollets musculeux et bougeait mollement,tandis qu'elle le précédait dans l'escalier au tapis usé éclairé par des appliques assez hideuses , de faux bouquets de tulipes en verroterie pseudo-Murano.
Sur le palier , elle se pencha vers lui et la masse de ses cheveux se déversa sur son épaule droite : " je suis désolée , mais le confort laisse à désirer , c'est pour cela que nous fermons , mais la chambre 22 , la chambre "de la danseuse" est encore très bien ! venez!"
Il se sentait épuisé ,une sensation confuse de malaise grandissait en lui ,mais il suivit son hôtesse sans rien dire ,au fond du long couloir moquetté de brun poussiéreux .
La clé tourna dans la serrure du 22 et il entra.
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mardi 1 décembre 2009

Les heures perdues

 
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Décor-maquette: Thomas Lis graphiste /illustrateur ( site accessible en cliquant sur "les heures perdues")

Il avait marché si longtemps depuis la gare,
Son sac trop lourd lui cisaillait l'épaule.
Gustave lui avait fait un plan , mais voilà qu'il était perdu ,
La pluie avait délayé les indications griffonnées à la va-vite au dos d'un dessous de bière : il faut dire que ce soir là , personne n'était très net ,
Rendez-vous avait été pris pour aujourd'hui , il avait emporté tout son dossier ,
espérant qu'enfin , l'Eldorado allait s'ouvrir devant lui .
Mais toutes les rues se ressemblaient dans ce fichu quartier et puis cette pluie incessante ... S'arrêtant à l'abri d'un porche ,il soupira en posant son sac à ses pieds et prit son téléphone pour appeler le fameux Gustave : un drôle de perroquet ,celui-là ,qui lui avait promis la lune avec les guirlandes en prime!!!
Après quelques sonneries , la voix rauque résonna à son oreille: " ah ! ouais! c'est toi! cool! le truc c'est que Machin est retenu à Poitiers encore aujourd'hui et moi , je suis en rade sur Lille pour l'amicale des "Moules à gaufres", bon ! mais t'affoles' , tu t'prends un p'tit hôtel sympa et on se rencarde demain sans faute au buffet de la gare de l'Est!, j'peux pas rester plus , la réunion est assez chaude et je dois y retourner , à plus !!" il n'avait pas réussi à couper ce débit frénétique et se retrouva comme un con avec le"bip-bip-bip" à la main : il jeta l'objet inutile au fond du sac et leva les yeux autour de lui , bien décidé à trouver un point de chute dans le périmètre immédiat.
A l'angle ,une enseigne déglinguée mais explicite : "HÔTEL" , il se dirigea vers celle-ci sans grande conviction: une journée perdue , des heures pour rien passées dans le train et maintenant le fin du fin , la nuit dans un coupe-gorge ...