Nous voici en pleine gloire des citrouilles et autres courges royales!
Il me semble approprié de rendre hommage
à ce plus que parfait légume ,
En y associant dans ce billet ,
Le trop méconnu Jean Hélion, peintre dont vous découvrirez
La vie et l'univers très personnel
en cliquant plus haut sur le titre du billet
Nous l'avons découvert en 2005
A l'occasion d'une grande exposition au Centre Pompidou..
De plus notre très chère vieille amie,Anne S,
Femme de lettres , amoureuse des arts
hélas disparue aujourd'hui,
l'avait croisé ,connu, admiré et ...peut-être plus...
lors de ses années parisiennes..
Mais commençons par le commencement:
J'affectionne la Citrouille
Mais je n'ai pas encore réussi à planter et apprivoiser
Ce légume dans nos prés,
Pourtant, ce n'est pas la place qui nous manque!!
Je me contente donc de le cuisiner
Soupe veloutée ( ne pas oublier crème et noix de muscade !)
Gratin simplissime et délicieux:
Mettre cuire à la vapeur des cubes de potiron
Les écraser ensuite à la fourchette en y incorporant crème liquide , gruyère râpé , sel ,poivre et muscade
Placer dans un plat beurré
Parsemer de petite noisettes de beurre
Faire gratiner dans un four bien chaud
Déguster avec une salade verte
Maintenant
Place à L'Art..
Les documents inclus , textes et images ,viennent du livre ci-dessous,
Peut-être est il encore possible de se le procurer
" Dans le premier de ses carnets( 1929) , Jean Hélion reproduit le diagramme de ses tableaux abstraits...
D'un trait affirmé,il lui superpose deux arcs brisés qui dessinent un fessier, ou peut-être une citrouille.
Jusque là, sa peinture ressemblait à une morsure gourmande dans la pulpe du monde...
Une nuit de 1925, l'entropie du monde- une tempête de violence et de démesure - fait irruption dans son atelier.
Du ventre de Paris, des Halles où il erre nuitamment, il rapporte une citrouille .
Juchée sur sa tête, elle devient l'astre rayonnant des folies qu'elle renferme.
Quelques décennies plus tard, Hélion associe ce souvenir à un rituel orgiaque " A terre, j'étendis la citrouille: avec une hache trouvée dans la cuisine, je l'éventrai!"
Dans le kaléidoscope de ses souvenirs, la cucurbitacée devient un "légume magique", une "chair couchée , un ventre ouvert ruisselant d'or" .Comme le génie de la lampe d'Aladin, le maelström de fantasmes réintègre la citrouille lorsque Hélion décide de s'engager sur les voies puritaines de la peinture abstraite...
Le 24 Mai 1948 , Hélion note dans ses carnets "Peut-être y a-t-il ici quelque magie: en reprenant ce thème de la citrouille, abandonné désastreusement en 1925, j'ai retrouvé mon âme d'alors, violente et passionnée . Je me sens à nouveau des forces illimitées et du génie au lieu de talent"
La citrouille est bien un attribut dionysiaque. La cucurbitacée sera le soleil qui , après la guerre, éclaire l’œuvre de Jean Hélion.
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Image de la fécondité ou de la déchéance et de la vanité, la citrouille gonfle ou se ratatine , toujours se métamorphose ..
Sa "vulgarité", toujours se double de sa splendeur. Hélion a voulu que son art devienne à son image, une "figure née de l'instinct animal" ( une image puisée dans la plus basse des réalités) associée à "une figure cérébrale en accord avec elle" .
Un réel magnifié, transfiguré par une science abstraite , des poses quotidiennes , drapées dans la dignité d'une gestuelle mythique...
Comme d'autres avaient une tête de chou, Hélion en avait une orange, et grosse comme un potiron .
Jack O 'Lantern, l'inventeur de Halloween, avait refusé de choisir entre ciel et enfer. Son châtiment était d'errer de par le monde , avec comme seule compagne, comme seul guide dans la nuit, une courge abritant une bougie. Comme lui, Hélion a arpenté le territoire des hommes, refusant de conquérir le ciel des perfections abstraites qui lui auraient fait renier la terre qui collait à ses pas .
DIDIER OTTINGER
POUR LE CENTRE POMPIDOU
2005
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