vendredi 30 avril 2010
jeudi 29 avril 2010
FLEURS / André DHÔTEL
L'homme nous avait conduits vers un rectangle de terre presque en friche, auprès de sa maison.
Tout d'un coup, il n'y eut plus de brise. Les toiles d'araignée, entre les têtes de carottes, cessèrent de s'enfler comme des voiles chinoises. Les herbes devinrent toutes droites.
Oui, les bluets demeuraient présents et vivement démontrés pendant ces instants d'une vie .
tout cela, c'était le silence profond de nos yeux.
L'homme remua les mains et aussitôt nous avons vu jouer des lumières. Un simple ouvrier....
Il savait placer ses mains de telle façon qu'il fut possible de contempler des choses invisibles.
Et je sais bien que pour jouer du trombone ou du cornet à piston , il faut déjà toucher des lumières avec ses mains.
C'était la simple utilisation des distances rituelles.
Le chat connait bien ces distances , et il sait exactement en quel lieu seigneurial il doit suspendre ses regards et ses narines. Nous , dont les gestes sont si variés, nous avons le loisir de pressentir bien d'autres choses.
L'homme nous fit comprendre que les fleurs s'édifient sur des sangs étrangers au nôtre, et sur certains amours sensibles à la douceur des signes immobiles.
L'allégorie des graminées fait résonner l'espace, et personne n'entend rien.
Mais déjà nous entendions.
Le criquet éclatait en sauts qui expliquaient le hasard des intervalles universels, et la guêpe recueillait le chant des abîmes. C'est alors qu'il y eut un cri dans le ciel.
L'espace des plaines s'agrandit soudain. Les villages se dessinèrent violemment au flanc des pentes.
Sur la route, où il restait de la boue, une vieille femme cheminait.
Depuis longtemps ces enfants se sont débandés à l'ouest de l'école. Deux bergers dans les champs se consultent : Le vent ne soufflera peut-être plus jamais.
On attend d'exceptionnelles minutes, en dehors de tout sentiment de bonheur.
Ce serait comme le début d'une époque. Des rapports se stabilisent.
Le flanc du labour devient radieux.
Au lointain de quelque maison, des étincelles ont jailli du feu; une femme s'est entièrement dévêtue ( cela du moins je l'imagine, puisque le soir venait ),
Que s'est-il passé?
Eh bien, dans ce calme inouï, c'était la venue d'une autre brise , lentement levée du tendre nord.
Les plantes eurent des gestes de robes agitées et jetèrent aux visages des plus petits enfants leurs astres peints.
Lorsque la nuit tomba, nous étions encore ensemble, Martinien, moi-même et l'homme , qui soudain fit un nouveau signe.
Écoute , Martinien, mon fils, dès que tout sera noir, les corolles vont s'envoler pour une région quelconque.
Je ne crois pas qu'elles partiront en Afrique comme les hirondelles .
Peut-être monteront-elles droit dans le ciel .
Ce qui semble sûr c'est que rien dans leur disposition ne se trouvera changé.
Elles ne se mettront pas en files ou en V à la mode des canards ou des grues .
On les verra peut-être flamber quelque part à la hauteur du clocher, dans un village d'ailleurs.
Personne ne saura que ce sont des fleurs vagabondes de notre champ.
Demain, elles reviendront à la même place.
Mais cet inappréciable éclatement des ensembles doit se produire à coup sûr cette nuit-là.
L'heure des fables n'est-elle pas venue ?
extrait de " La chronique fabuleuse"
page 19.
cliquer sur le lien ci dessus ,
pour accéder au site des amis d'André Dhôtel
mercredi 28 avril 2010
mardi 27 avril 2010
Nuit secrète
Libellés :
images poétiques,
maison du Courbier,
photo paysage
Dans la nuit tout peut...
Libellés :
images poétiques,
maison du Courbier,
photo paysage
lundi 26 avril 2010
Dehors et Dedans
Tandis-que s'affairent grandes et petites métamorphoses,
Au ras du sol , à mi- pente ou dans les airs
En tapinois, mine de rien,
Ou bien tout en éclats de rires colorés et exubérants ,
Tiges et parfums , promesse de saveurs rouges,
Arbres croulants de fruits minuscules et verts
Au dedans , derrière le volet troué,
La bête rumine et mijote ,
Se demande quoi faire : rester cachée, sortir ,
Sourire ou grogner..
La tanière est pleine à craquer ,
A quand le grand Cric?
Libellés :
images poétiques,
maison du Courbier,
Nature
La folie Clématite
et ce Printemps voit exploser la vitalité gracieuse de cette fleur grimpante très véloce!!
Parfum suave de vanille
boutons et corolles se côtoient dans une profusion échevelée
samedi 24 avril 2010
Lapins timbrés et animés
Bunnylicious Letters II
Après ces billets champêtres, je suis allée me promener sur le site OUTREPART où l'on en voit parfois des vertes et des pas mûres...
( voir dans ma liste de sites, à droite )
et je suis tombée faible sur cette collection trouvée sur
Blog dédié exclusivement à nos amis rongeurs..
En bonus , Peter- Rabbit de Beatrix Potter ,dont j'ai eu déjà l'occasion de parler dans ces pages...
vendredi 23 avril 2010
jeudi 22 avril 2010
les univers parallèles
Les vieux bois qui trainent , imprégnés des temps révolus, empilés en strates poussiéreuses.
Les clous , les charnières déglinguées , et toujours les veines vivaces pour véhiculer les saisons.
Après, tout est histoire d'imprévu , de concours de circonstance,
L'imprécision inconséquente et la main qui agit sans réfléchir.
Il y a déjà longtemps, un jour, elle a pris deux de ces planches oubliées,
Et puis comme toujours , la chair de corps improbables et le bleu de l'espace de jeu.
Pourquoi soudain les poissons,
Les morceaux cloués
Double épaisseur
Pas la même histoire,
Laisser faire
Pas besoin de comprendre
C'est là .
Les uns nagent , les autres ancrés au sol
L'eau et la terre ,
Elle n'a que faire d'essayer d'analyser le pourquoi du comment.
Ils sont deux sur l'une des planches ,
Poissons en sur impression,
Le tout parti en d'autres lieux.
Celui-là resté ici
Tant mieux
Elle aime bien .
Le matin , le regard effleure
Et l'histoire toujours en suspens,
S'assoir et boire son thé bien chaud
Humains et poissons,
La vie est belle.
Retour
Retour à la nature d'ici , après une pause plus au Sud,
Au milieu de verdures joyeusement animées
Pensées amicales à ceux qui se reconnaitront..
samedi 17 avril 2010
En coup de vent
vendredi 16 avril 2010
Petits bonheurs du jour...
Libellés :
images poétiques,
maison du Courbier,
Nature
jeudi 15 avril 2010
J'ai un problème avec John Fante
J'ai un super problème avec les livres de John Fante :
En fait, depuis que Pierre a attrapé la Fante-mania aiguë, et ça fait un sacré moment maintenant , ces livres ont les uns après les autres déserté la bibliothèque familiale , des emprunts me direz-vous.. il faut encourager la lecture chez les jeunes etc.. mais le drame c'est qu'il a fait des émules, le bougre , et qu'il a lui-même prêté .. vous imaginez la suite .. les 10/18 ( j'adore cette collection..) coincés dans les sacs à dos , entre le skate et les pulls à tout faire sauf les sorties de messe..
ou encore mieux , glissés dans la poche du blouson , ça tient chaud au cœur , dans les glauques TER des matins frileux vers Avignon ou Embrun ..
Je bénis le jour où par hasard je lui ai tendu "Demande à la poussière" ..Moi-même , j'ai découvert par inadvertance ce romancier- scénariste insomniaque et tenace , en lisant le Djian des débuts (Ah!! "Bleu comme l'enfer" et "Échine") : à force de références dithyrambiques , on pousse la lectrice à la curiosité.. et elle vous est ensuite irrémédiablement infidèle : qui a lu Fante rechigne ensuite à parcourir Djian .. ce qui fut mon cas.
Bon , revenons à ma mélopée désabusée : je n'ai plus que 3 livres de Fante , et certain absent n'est même plus édité ( "les rêves de Bunkerhill") Il est vrai que j'en ai deux du fils Dan, ("En crachant du haut des buildings"et "La tête hors de l'eau" ) mais ça ne remplace pas....
Heureusement , l'un des plus sarcastique , malgré sa couverture écornée et tachée, est rescapé de la razzia , en voici un échantillon, propice j'espère, à vous allécher, si vous n'avez point encore bu aux orgies Fantesques: MON CHIEN STUPIDE
"Détends-toi,bon dieu" j'ai dit.
Le tas était à une quinzaine de mètres du garage en direction de la porte de derrière, sous le passage protégé de la pluie par un auvent qui dépassait du toit et faisait comme un porche. La main d'Harriet s'est refermée sur un pan de mon manteau. L'arme dirigée vers la bête, j'ai avancé vers sur la pointe des pieds, effrayé, en essayant d'accomoder sur la chose brouillée par la pluie.
Une image s'est peu à peu formée. C'était un mouton qui gisait là. Je ne distinguait pas sa tête, mais son dos et son ventre laineux étaient parfaitement visibles. Brusquement le vent a tourné, modifiant la direction de la pluie et métamorphosant l'animal. J'ai retenu mon souffle. Ce n'était pas un mouton,. ça avait même une crinière.
"C'est un lion" j'ai dit en reculant.
Mais Harriet avait une excellente vue.
"Certainement pas" Toute peur avait quitté sa voix. " C'est juste un chien" Elle s'est avancée d'un pas confiant.
Il s'agissait bel et bien d'un chien, un très gros chien au poil fourni, marron et noir, doté d'une tête massive et d'un court museau noir aplati, une tête mélancolique à la sombre gueule d'ours. Sans le lent va- et -vient de sa vaste poitrine, on l'aurait facilement cru mort, car ses yeux obliques étaient clos . Ses babines noires tréssaillaient imperceptiblement au rythme de son souffle. Il était manifestement inconscient; la pluie trempait sa fourrure. Tandis que j'essayais de lui parler, Harriet a filé dans la maison, puis est revenue avec un parapluie. Nous nous sommes abrités dessous, puis penchés vers la bête . Harriet a caressé son museau mouillé . " Pauvre chien. Je me demande pourquoi il est dans cet état."
De la main , j'ai lissé ses épaisses et solides oreilles noires.
"Voilà un chien bien malade" quand mes doigts ont rencontré une tique de la taille d'un haricot , si gorgée de sang qu'elle a roulé dans ma paume comme une bille. Je l'ai lancé dans l'herbe.
"Que fait-il ici ?"
" Ce chien est un clochard", j'ai répondu. "Un individu socialement irresponsable, un fuyard"
"Mais il est malade."
"Il n'est pas malade. Il est trop paresseux pour chercher un abri ." Du bout de ma chaussure , j'ai effleuré ses côtes. " Va-t'en d'ici, traine-savates." Mais il n'a ni bougé ni ouvert les yeux.
"Oh, mon Dieu!" s'est écriée Harriet en reculant, m'entrainant avec elle. "Ne le touche pas. Il a peut-être la rage!" ça m'a refroidi. pour rien au monde je ne voulais m'occuper d'un chien enragé. Nous sommes rentrés au pas de course et avons verouillé la porte . J'étais trempé, l'eau dégoulinait sur le sol de la cuisine.
Pendant que je retirais mes vêtements mouillés, Harriet est allée me chercher ma robe de chambre. Elle me l' a apportée avec un bourbon, puis nous nous sommes assis à la table por réfléchir au problème.
"On ne peut pas le laisser dehors" elle a dit. "Il va mourir "
"La mort est notre lot commun" j'ai répondu en terminant mon deuxième verre.
Elle a perdu patience.
" Fais quelque chose. Appelle quelqu'un. Trouve ce qu'on fait à un chien qui a la rage."
L'horloge du four annonçait neuf heures et demi............
A force de lire Fante , mon fils est devenu musicien..
mardi 13 avril 2010
lundi 12 avril 2010
LE CHAMP
Il arrive parfois des coïncidences qui n'en sont pas vraiment,
On parle alors de Synchronicité...
J'étais en voiture ,il y a quelques jours ,après mes séances -musique,
En route vers "FICTIONS" mon expo de Pont st Esprit , installée dans la belle librairie d'André Zaradsky "Le chant de La Terre".
Et , je ne sais pourquoi, mon esprit se met à vagabonder autour de lectures anciennes , et entre autre le livre d'André Dhôtel ( cliquer sur le titre de ce billet : "le champ" ,pour en savoir + sur cet écrivain) ," Le pays où l'on n'arrive jamais "....
Je me dis que de retour à la maison je rechercherai ce roman pour en tirer un prochain billet pour ce blog..
arrivée à la librairie, j'oublie complètement cette préoccupation, ayant rencontré sur place une connaissance avec laquelle nous nous mettons à parler livres , bien sur , mais pas du tout d'André Dhôtel ... Je demande au maître des lieux s'il a dans sa boutique , l'ouvrage d'une libanaise: Hyam Yared , "Sous la tonnelle", dont j'ai entendu parler avec grand éloge .
André se met à arpenter ses rayons , assuré d'avoir ce livre , mais ne le trouvant pas se souvient alors de l'avoir très récemment vendu..
Je me promène dans son jardin de livres, laissant mon regard glisser nonchalamment sur les titres des couvertures bien ordonnées sur les étagères . Point d'Hyam Yared, j'attendrai la prochaine commande , mais là , glissé au dessus d'une pile , coincé horizontalement à la lettre D : André Dhôtel ," La chronique fabuleuse" !!!
J'ai un léger sursaut , et mes rêveries précédentes me reviennent avec force , et je ne peux m'empêcher de relater ce petit clin d'œil du hasard ( mais est-ce bien un hasard??) .Il se trouve que je ne connais pas cette "chronique fabuleuse " , et qu'aux dires de mes interlocuteurs , ce petit livre est exceptionnel.. et fabuleux..
Je repars donc avec cette merveille , anticipant le plaisir de ma prochaine lecture , très intriguée par cet étrange concours de circonstances qui m'a conduite à cette (re) découverte d'un écrivain que peu de gens connaissent aujourd'hui, et dont l'univers poétique , bucolique rejoint une dimension fantastique des plus troublante .
Voici maintenant un extrait de l'une des courtes nouvelles de ce recueil que je ne saurais que trop vous recommander....
Le champ
....... " Au temps où j'étais jeune fille, je partis un soir, loin du village, tourmentée par un chagrin d'amour.
Je rencontrai sur mon chemin un homme qui fauchait de l'herbe.Je le connaissais depuis longtemps . Je m'assis sur le talus auprès de lui .Il comprit ma tristesse, et, pour me distraire, il débita une histoire .Cette histoire parlait d'un certain champ qui avait la vertu de donner la paix du cœur à quiconque en foulait le sol : tout le temps qu'on y demeurait, certain noble sentiment calmait les souffrances sans les effacer.
Ce champ n'avait rien de particulier, sinon qu'il était envahi par les herbes sauvages et planté d'un genévrier et d'un cerisier. Il s'étendait en haut d'une colline..
Je quittai le vieillard , retournai à mon village , et la vie mena son train ordinaire . J'eus une maison et une famille. Parfois, quand un souci me pénétrait, je songeais au champ merveilleux . Je savais bien que ce n'était qu'une fable , mais mieux je le savais , plus je me sentais charmée.
Le malheur me poursuivit. Je perdis...
Quels malheurs me furent épargnés ? A travers mes prières je songeais à une parcelle de terrain tout à fait imaginaire et que j'aimais .Et sans cesse je répétais : il y a un genévrier et un cerisier.
J'ai vécu des années avec la compagnie de cette simple image , et, à mesure que je vieillissais, j'y voyais des fleurs nouvelles.
Un jour , comme je faisais la lessive dans une ferme, aux environs de mon village natal, j'aperçus sur une colline un arbre seul qui se dessinait dans le ciel , et , à faible distance, la forme épaisse d'un genévrier.
Je me rendis en ce lieu le Dimanche suivant . C'était une terre assez grande , livrée aux herbes folles.
S'agissait-il de mon champ? Je ne sais , mais je m'y sentis en paix . il se trouvait peu éloigné d'un hameau.
J'économisai et j'empruntai assez d'argent pour acheter la terre et la baraque en ruine qui était construite sur la bordure.
Or, je reconnus de jour en jour que ce champ était vraiment exceptionnel . Son orientation lui permettait de recevoir à toutes les heures une lumière d'une grande netteté. Le cerisier élevé donnait la mesure des grands jeux de fleurs qui rayonnaient alentour, et le genévrier tout gris apaisait l'éclat du champ.
Là couraient des perdrix , sautaient des corbeaux et parfois un lièvre regardait la plaine par dessus les graminées "............
Voilà comment je me suis replongée dans l'univers envoutant d'André Dhôtel , que j'avais complètement oublié depuis tant d'années ......
Le hasard nous offre parfois de délicieuses promenades...
"chronique fabuleuse" a été édité pour la première fois à la NRF en 1976 , n° 285.,
Le volume en ma possession est une réédition de 2000,au Mercure de France , avec une très belle préface de
Jean-claude Pirotte.
"chronique fabuleuse" a été édité pour la première fois à la NRF en 1976 , n° 285.,
Le volume en ma possession est une réédition de 2000,au Mercure de France , avec une très belle préface de
Jean-claude Pirotte.
samedi 10 avril 2010
Le passage
La végétation en emprise de territoire.
Se faufiler , de profil,
Écarter des épaules les branches trop tentacules,
Le dos frotte aux pierres rugueuses du mur d'enceinte..
Faire le tour,
Trouver l'entrée, s'il y en a une...
Peut-être , d'une fenêtre nous observe-t-on?
Comment savoir?
Le silence est peuplé d'oiseaux
Et de vertes odeurs,
les petits cailloux sont tombés de ma poche..
Inscription à :
Articles (Atom)