vendredi 15 février 2013

La commode au visage










Ce n'est qu'au matin , la lumière pâle de l'hiver filtrant à travers les rideaux , que je découvris ce visage sculpté dans le bois.
La commode me regardait , tandisque je m'étais accroupie pour récupérer l'une de mes chaussures sous le lit.
De chaque côté, 
Deux visages sans corps.
J'avais dormi un nombre incalculable de fois dans cette même chambre sans remarquer l'étrangeté de ce meuble .
Et , du reste , jamais nous n'étions restés assez longtemps pour avoir nécessité d'utiliser les tiroirs pour y ranger nos effets.

Tout restait dans la valise.
Peu à peu , une dispersion anarchique régnait  ,
 et des empilements vacillaient ça et là.
il fallait chaque jour fouiller un peu plus pour trouver enfin le gilet coincé derrière la table de chevet.
le désordre augmentait jusqu'à l'échéance du départ .

Les deux filles du roi
figées pour toujours .
souriant vaguement
l'air lointain.

Leurs robes damassées , brodées de fils de soie rouge 
bien pliées dans le premier tiroir.
Avec leurs fines chemises aux dentelles jaunies.
Et la petite boite au fermoir brisé 
Contenant les bagues .
Glissée dessous, tout au fond.
 
 

 

12 commentaires:

  1. Des visages impassibles qui en ont vu tant d'autres...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. c'est très saisissant de découvrir après si longtemps , que ce meuble a figure humaine!!

      Supprimer
  2. Rêverie fantastique, juste déclenchée par un visage énigmatique...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. oui, étrange sensation..
      comme ces histoires où les héros sont à jamais pétrifiés , pour avoir transgressé une interdiction ..
      Faire corps , alors , avec la roche, ou bien les amants enlacés devenus arbres aux branches entremêlées.. les deux sœurs enfuies du manoir, réunies pour toujours de chaque côté de ces tiroirs..
      on pourrait broder à l'infini, c'est sur!

      Supprimer
  3. Ta commode me fait penser au Kétala,un livre de Fatou Diome qui commence ainsi : Lorsqu'une personne meurt personne ne se soucie de la tristesse de ses meubles.
    Je suis bien certaine que cette commode a des choses à te dire.
    Nicole.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. je ne sais pas vraiment depuis combien d'années cette commode est dans la maison de mes parents.
      eux-même avaient oublié la présence de ces visages et sont allés vérifier aussitôt, après m'avoir lue!

      Supprimer
  4. Et puis une commode c'est bien pratique...
    100 lignes pour demain maîkresse ? C'est dur !

    RépondreSupprimer
  5. Flippante, cette commode qui te regarde...
    Mais superbement raconté. J'ai cru à un exercice imposé...

    RépondreSupprimer
  6. non,comme tu l'as lu plus haut, c'est une commode "de famille"
    en fait, après vérification, mes parents m'ont dit que les visages ... et les pieds ( qui ne sont guère visibles sur la photo) sont en métal, genre bronze , et non en bois.

    RépondreSupprimer
  7. Tu es super douée pour ces envolées qui nous embarquent, ça manque d'ailleurs, tes histoires, tes scénar, tes contes, tes textes.

    RépondreSupprimer
  8. je sais, mais en ce moment je n'ai pas assez de flottement dans les écoutilles pour laisser aller ....
    ça va viendre ..... un de ces jours.... c'est pour ça que je ne peux donner pour l'instant que ces petits "arrêts sur image" , qui laissent libre cours à l'imaginaire de chacun.. c'est déjà ça ...

    RépondreSupprimer

Une petite trace de votre passage...Merci pour vos visites !