jeudi 6 août 2015

Christian Cazals pour toujours



https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRgGKF_7dT7fGW7Bd05MYIfiiHyMM6NJqHKTvgJvVjo9YYQl38mKkFcf5YK3uCGplEGF9Ya_RgdfHUHDAwQMvfHRP_53113JpZ7MxSvJ9JxlsUJMxmyegjPEcaaRmuvE9uAu51-GTp1KE/s1600/1-IMGP0209.JPG 

Il n'écrivait plus que par intermittence
La maladie ayant endigué ces derniers mois
le flux de sa création en écriture poétique .
Il s'est endormi hier matin
au bord de ce fleuve mystérieux 
qui sépare le monde tangible de celui des invisibles
Déjà, il imaginait cette traversée ,
Bercé par le balancement de l'esquif ,
Et le son rythmé de la rame du passeur
 plongeant dans les eaux noires et sinueuses.
Son imaginaire fécond était imprégné 
de cette proximité
 entre les deux rives de la vie.

Naissance et Mort

L'amour aux deux visages
Eros
et 
Thanatos

Ses textes de poésie érotique 
ont été reconnus par la critique parisienne
 et primés pour leur qualité littéraire.

Il a été pour moi le déclencheur 
De mes débuts en blog,
Lui qui avait déjà initié son 


Il a ,
avec grande amitié 
soutenu et stimulé mes premiers pas sur ces pages
Nous avons même en 2009 ,
 entamé une fiction rocambolesque à 4 mains


Qui a emporté nos héros inventés
 Fausta et Gianfranco 
de Venise jusqu'en Afrique du sud!
nous avons écrit cette pochade au fur à mesure,
Un truc carrément improbable!
Mais qu'est ce que nous avons ri!

J'avais d'ailleurs commencé récemment
à regrouper nos écrits 
pour pouvoir  lui communiquer le tout 
mis en forme dans la continuité
Dans pas trop longtemps
peut-être cet hiver ...

Je vous livre ci dessous l'un de ses textes


SORTIR DU MONDE SOUTERRAIN

Sortie de l'ombre

ses pas foulent les berges de l'Achéron

- le pied imprime le sable noir volcanique-

sable des heures de feu.

La nudité de son corps en image glacée, pétrifiée,
 se mire et le reflet palpite
 car le plaisir du souffle parfumé de la montagne battue par le vent...
une caresse sur le ventre,
  fil de soie,
 attouchements nocturnes,
moiteur parfumée de benjoin,
sommeil de l'ombre de la caverne 
refuge de Charon,

enveloppant encore

ses formes alanguies.


et sa toute dernière publication le 29 Juin.

Les jours de maladie

Ils sont gris.
Qu'en dire?
Ce sont des jours de grande mélancolie.
Parfois une larme furtive
Un geste qui nous fait penser à l'étreinte,
Celle de l'être aimé,
Celui que l'on parcourt avec des lèvres fiévreuses,
On se souvient des mots de l'amour,
Ceux que l'on murmure
Des mots inaudibles,
Des mots de chair en pâmoison qui ne sont plus
Des mots de sexe.
Un chant.
Un cri.
Le sourire d'un ange . 



Qu'il a fait précéder d'un poème de Charles Baudelaire

 
  Tristesses de la lune


Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.
 
Charles Baudelaire



J'aime à penser que,
Délivré enfin de tous ses maux ,
Il converse désormais avec tous ces poètes immortels
Qui ont nourri et inspiré sa plume,
Et peut visiter à nouveaux les lieux chers à son cœur:

Casamance,
Afrique des griots  
au son des musiques qui font danser...






A Kafountine 
au Sénégal
il aurait tant aimé finir ses jours,
Y ayant travaillé en théâtre et écriture
 avec les collégiens de cette ville
Son attachement pour l’ancestrale terre d'Afrique 
était puissant et authentique.

Plage des Pêcheurs . Mirflet Sahara Occidental

Les barques bleues




Elles s'endorment sur la plage paresseusement étendues.

Dix heures du matin, retour de la haute mer, le fond de la barque est recouvert d'un filet parfois déchiré par le poids excessif d'une pêche miraculeuse. Les sardines sont encore vivaces. On les voit sauter ainsi que les bonites et parfois de longs poissons argentés.

Les pêcheurs sautent sur la plage et tirent la barque sur le sable. Les femmes déchargent la cargaison frétillante et commencent à nettoyer les prises engluées de sable et de coquillages parasites. On prépare le feu de fagots sur lequel les sardines vont griller en dégageant une odeur qui pénètre les narines et envahit le cerveau.

Le repas terminé une douce torpeur s'empare des corps. Les hommes s'étendent sur le sable et le visage recouvert d'un fin tissu de soie s'endorment et reposent leur corps épuisé par la navigation nocturne.

Christian Cazals / Bouchérif 



 

5 commentaires:

  1. Je me souviens aussi de la simplicité et de l'implication avec laquelle il participait à l'espace du dedans... meilleurs souvenirs d' un grand poète qui a affronté la maladie avec beaucoup de dignité, je crois et la plume à la main. J'espère aussi qu'il a retrouvé de beaux grands espaces de communication... Merci Agnès de me l'avoir fait connaître.

    RépondreSupprimer
  2. Ils marchent dans l'horreur la tête dans des îles
    Où n'abordent jamais les âmes des bourreaux...

    (Leo Ferré)

    RépondreSupprimer
  3. Un bel hommage. Merci du partage. Je comprends le sentiment de perte à la lecture de ces mots ciselés..... Je pense à toi et à tous ses amis!

    RépondreSupprimer
  4. Splendide billet, Crouk.
    Merci pour ce magnifique hommage à un grand poète...
    ¸¸.•*¨*• ☆

    RépondreSupprimer
  5. Ah..je ne lis que maintenant ton article sur votre ami.
    Qui a su partir yeux ouverts sur l'art la beauté l'amour la poésie et que je ne connaissais pas.
    Puisse son nouveau voyage être sur les barques bleues de l'Afrique retrouvée et tous ceux qui l'aiment de le chérir toute la vie

    Bises

    RépondreSupprimer

Une petite trace de votre passage...Merci pour vos visites !