Elle descend l'escalier jusqu'à cette entrée un peu sombre, le verrou de la porte est fermé et la chaine enclenchée .A tâtons elle ouvre le battant et sort enfin dans la rue.
Les nuages sont amassés juste au dessus et elle se dit que cette histoire commence mal. elle n'a pas pris de parapluie et elle réalise qu'elle est en sandales.
A toute vitesse , elle remonte en suivant le trottoir jusqu'à la boulangerie Camus où elle achète trois pains aux raisins. Puis, au coin de l'avenue elle s'assoit au café Charles pour boire un café. Elle a la sensation d'être invisible.
Pourtant, elle a pris soin d'enfiler sa robe rouge préférée, en espérant que le mec du matin passerait devant elle. Pourquoi se dire que ce jour est important? en tout cas , elle le sent irrémédiablement. C'est aujourd'hui ou jamais.
Elle rajoute deux sucres dans son café qu'elle boit à très petites gorgées. Il est maintenant 9h 30. C'est un jour assez gris, morose, pourrait-on dire, mais les gens passent continuellement.C'est un quartier très animé, une vie grouillante de petites bêtes qui vont et viennent à leurs affaires.
Elle boit la dernière gorgée et pense qu'il ne viendra plus.
Texte écrit lors d'un atelier d'écriture lors du festival Voix Vives / Sète 2023
Cette beauté violence douceur fleuve .. Le choc quand je l'ai vu et écouté en concert à Strasbourg en 1974 ,
j'avais 18 ans , je n'ai jamais oublié.
Les refusés - plus de places ou pas de fric à l'entrée manifestant
bruyamment , lui , sortant de scène , on se demandait s'il allait
revenir , il a obtenu qu'on les laisse entrer ,
lui, l'anar chronique ,
ça aurait fait tache , quand même et cette masse de jeunes assis
ensuite par terre , au plus près du vieux fauve ..
soirée magique. lui
tout seul au piano ou sur ses bandes son , tout en noir crinière blanche
..
j'en ai encore des frissons. j'ai toujours gardé les vinyles des beaux albums des années 70
Et elle fourmille de tant de personnages incroyables
Une zone de non stress
Une parenthèse parallèle
Un genre de tunnel spatio-temporel
Un raccourci vers la communication simplifiée
Une petit week-end sur place
A prendre racine dans la rue
A peindre sans penser à rien
Au ras des façades semi écaillées
suffit à vous redonner l'espoir d'un monde plus humain
Il y a quelque chose qui tient du tribal-magique
Un air spécial qui y souffle
Les grognons finissent par se parler
Planter des fleurs de balcon
comparer poétiquement leur pousse d'une fenêtre à l'autre
Tandis que la télé marche au fond dans les apparts ,
Eurofoot oblige
Les vas et viens de l'écran à la fenêtre
Et la Marie du Gégène qui revient de la plage cuite comme une tielle , heureuse de son plein de vent salé et de mer pas encore assez chaude , jour de congé bien mérité entre ceux du turbin à la plonge d'un restau ..
La musique des vinyles de Pascal ajoute à l'ambiance
Ce dimanche soir de ramadan
on voit arriver à grands pas , du bout de la rue
une jeune femme voilée pimpant violet
volubile et joyeuse
qui apporte, telle le petit chaperon de la forêt,
Deux succulentes galettes tièdes fourrées aux légumes
Pour Michel qui ne bouge plus guère,
Elle a déménagé depuis deux ans dans un autre quartier
mais n'oublie pas les voisins d'avant.
Elle nous fait gouter une moitié : trop bon!!
Je reviens régulièrement , de temps en temps ici
A Sète
Rue de Tunis
Seule,
Pour profiter à fond
De cet espace particulier
Des gens
De l'air
Des cris des mouettes
Des parfums et odeurs
De la poussière
Des trucs pas dans la norme
Les besoins ne sont plus les mêmes que dans notre quotidien trépidant et trop clean
On retrouve l'essentiel
la solidarité
Les regards
La parole qui fait tout
Une chaise posée là , en bas , à côté du frigo à livres
On peut discuter , sortir la guitare
Ou rien
Les fresques qui ont fleuri peu à peu
Les plantation à la va comme j'te pousse au gré du bitume
que les uns et les autres arrosent s'ils y pensent.
Groupe de création et d'exploration musicale, aussi à l'aise dans la
chanson que dans une fugue de Bach, spécialisé dans l'improvisation
vocale, volontairement et absolument inclassable. Tous quatre sont chanteurs et instrumentistes, marquant une préférence et une orientation essentiellement vocales.
Je ne regardais pas le match hier soir, crevée, couchée assez tôt après tricotage devant polar mollasson. aussi , j'ai mis quelques minutes à appréhender vraiment ce que j'entendais , éberluée, sur France Inter en préparant le petit déjeuner..
Maintenant, les commentaires se succèdent , la parole en cascade après les actes affreux , les spécialistes ,et nous autres , la foule des témoins abasourdis , proches ou éloignés de cette situation de guerre interne déclenchée à nouveau ? Charlie est encore tellement à vif dans notre mémoire.
Que dire , que faire?
Pour ma part , je n'ai aucun avis éclairé sur la question et je me garderai bien d'ajouter au brassage de blabla ( n'est-ce pas d'ailleurs ce que je suis en train de faire..) qui ne fait qu'amplifier la mousse .
A mon très petit niveau, local, rural , privilégié et protégé , je ressens essentiellement un accablement profond car ces attentats sanglants vont susciter à nouveau une défiance accrue de la part de la masse anonyme des "Français de souche franco-française " à l'égard des autres , vous voyez bien qui.
Et ça , j'en ai l'estomac carrément retourné:
Je travaille depuis plus de quinze ans dans un quartier classé en ZEP , en y apportant la musique de tous horizons et de tous styles ,chansons , jeux instrumentaux aux enfants et aussi aux enseignants passionnés et investis dans cette école où j'adore aller .
Alors, j'ai des frissons en me demandant comment les enfants vont ressentir ces évènements .
Quelle image mentale vont il intégrer de ce qui vient de se passer , où est le bien où est le mal?
Quels discours vont il entendre et devoir absorber et digérer chez eux , en classe , autour d'eux , dans cette petite ville du déjà Sud , très cool , et même plan-plan , mais où pourtant le FN fait à chaque scrutin , des scores inquiétants....Comment vont ils vivre le regard posé sur eux et leurs familles .
J'aime ce quartier, ces enfants , ces femmes , ces grands jeunes adultes que j'ai connus petits .
Nous vivons tous ensemble ici , et c'est ce qui est bon et beau .
La société est une mélange des saveurs et des cultures.
Puisque tel est mon quotidien dont je ne peux que me réjouir!!
Je laisse venir le flux disparate
Je ferai le tri quand l'urgence sera.
Au programme, tout d'abord,
Ma nouvelle exposition dans le Gard , à Pont st Esprit
Où j'ai longtemps habité,
Dans les locaux de la très belle librairie d'André Zaratzki.
Je reviens d'ailleurs tout juste de l'installation -accrochage.
Vernissage vendredi prochain 4 Septembre A partir de 18h.
Puis, O joie!
Retour des "Filles Rouges"
pour célébrer les prochaines festivités du vin
non loin de Sète et Béziers,
à VIAS. retrouvailles avec les complices ! nous jouons Dimanche 13.
Entre temps , la rentrée musicale
en milieu scolaire se fera peu à peu..
Retrouver les amis enseignants et leurs classes
pour de nouvelles aventures...
Septembre au goût de fruits.... nous croulons sous les figues Les confitures attendent la dégustation future bien au calme dans la cave...
En bonus, ce cadeau à écouter:
Musiques qui se mêlent
Improvisation magnifique Piano et oud Orient et Occident, J-F Ziegel et S Fergani,
Arabesques festives qui font danser l'espoir ,
Pour donner tort aux oiseaux de mauvaise augure
Cerise sur le gâteau L'émission de cette fin d'après midi sur France Inter "La preuve par Z" Mention particulière pour l'improvisation finale de Jean-François un véritable délice....
La
nudité de son corps en image glacée, pétrifiée,
se mire et le reflet
palpite
car le plaisir du souffle parfumé de la montagne battue par le
vent... une caresse sur le ventre, fil de soie, attouchements nocturnes, moiteur parfumée de benjoin, sommeil de l'ombre de la caverne
refuge de Charon,
enveloppant encore
ses formes alanguies.
et sa toute dernière publication le 29 Juin.
Les jours de maladie
Ils sont gris. Qu'en dire? Ce sont des jours de grande mélancolie. Parfois une larme furtive Un geste qui nous fait penser à l'étreinte, Celle de l'être aimé, Celui que l'on parcourt avec des lèvres fiévreuses, On se souvient des mots de l'amour, Ceux que l'on murmure Des mots inaudibles, Des mots de chair en pâmoison qui ne sont plus Des mots de sexe. Un chant. Un cri. Le sourire d'un ange .
Qu'il a fait précéder d'un poème de Charles Baudelaire
Tristesses de la lune
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,
Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,
Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.
Charles Baudelaire
J'aime à penser que, Délivré enfin de tous ses maux , Il converse désormais avec tous ces poètes immortels Qui ont nourri et inspiré sa plume, Et peut visiter à nouveaux les lieux chers à son cœur: Casamance, Afrique des griots au son des musiques qui font danser...
A Kafountine au Sénégal il aurait tant aimé finir ses jours, Y ayant travaillé en théâtre et écriture avec les collégiens de cette ville Son attachement pour l’ancestrale terre d'Afrique était puissant et authentique.
Dix heures du matin, retour de la
haute mer, le fond de la barque est recouvert d'un filet parfois déchiré
par le poids excessif d'une pêche miraculeuse. Les sardines sont encore
vivaces. On les voit sauter ainsi que les bonites et parfois de longs
poissons argentés.
Les pêcheurs sautent sur la plage et
tirent la barque sur le sable. Les femmes déchargent la cargaison
frétillante et commencent à nettoyer les prises engluées de sable et de
coquillages parasites. On prépare le feu de fagots sur lequel les
sardines vont griller en dégageant une odeur qui pénètre les narines et
envahit le cerveau.
Le repas terminé une douce torpeur
s'empare des corps. Les hommes s'étendent sur le sable et le visage
recouvert d'un fin tissu de soie s'endorment et reposent leur corps épuisé
par la navigation nocturne.