jeudi 1 juillet 2010

Le jardin


"La faute de l'abbé Mouret " - Émile Zola
Extraits


Ils descendirent un large escalier dont les urnes renversées flambaient encore des hautes flammes violettes des iris.Le long des marches coulait un ruissellement de giroflées pareil à une nappe d'or liquide. Des chardons ,aux deux bords , plantaient des candélabres de bronze vert , grêles , hérissés , recourbés en bec d'oiseaux fantastiques , d'un art étrange, d'une élégance de brûle-parfum chinois.
Des sédums, entre les balustres brisées, laissaient pendre des tresses blondes, des chevelures verdâtres de fleuve toutes tachées de moisissures . Puis , au bas , un second parterre s'étendait , coupé de buis puissants comme des chênes , d'anciens buis corrects, autrefois taillés en boules , en pyramides , en tours octogonales , aujourd'hui  débraillés magnifiquement, avec de grands haillons de verdure sombre dont les trous montraient des bouts de ciel bleu........................................................

Ils venaient d'entrer dans les prairies .
A l'infini , devant eux se déroulaient de larges pans d'herbes, à peine coupées de loin en loin par le feuillage tendre d'un rideau de saules .
Les pans d'herbe se duvetaient, pareils à des pièces de velours ; ils étaient d'un gros vert peu à peu pâli dans les lointains , se noyant de jaune vif , au bord de l'horizon , sous l'incendie du soleil .
Les bouquets de saules, tout là-bas , semblaient d'or pur , au milieu du grand frisson de la lumière.
Des poussières dansantes mettaient aux pointes des gazons un flux de clartés, tandis qu'à certains souffles de vent passant librement sur cette solitude nue les herbes se moiraient d'un tressaillement de plantes caressées .
Et le long des prés les plus voisins, des foules de petites pâquerettes blanches , en tas , à la débandade, par groupes , ainsi qu'une population grouillant sur le pavé pour quelque fête publique , peuplaient de leur joie répandue  le noir des pelouses.


5 commentaires:

  1. Merci pour ce beau texte ... bien accompagné par des images évocatrices ...

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  2. Bonjour Gine!
    oui, de temps à autre, surtout en vacances, j'aime relire des livres que j'ai en affection!
    Les descriptions du "Paradou" sont luxuriantes!

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  3. Jolies fleurs

    Sur moi éparpillées

    Sur un petit carré

    Epouse en pleurs....

    J'avais envie de plomber un peu ce matin ];-)

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  4. toujours la touche poète grinçant-charmant!

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  5. Merci pour la découverte, il faut absolument que je lise ce livre !!!

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