Alex est arrivé une demi-heure plus tard .
Elle a eu le temps de coucher sur ses pages nomades la vêture de la tenancière du café,couches superposées de pulls feutrés sur jupe à carreaux très courte , et la cloison du fond , couverte de murmures visuels ,amoncellement d'images un peu louches , juste avant la porte des W-C.
Maintenant , il conduit à toute vitesse sa camionnette noire sur une petite route nichée entre des talus verdoyants .
La nuit , pas tout à fait . La lune, juste une tranche.
Un village traversé , les champs de céréales encore toutes jeunes.
La lisière d'un bois . Le ciel transparent sombre .
Le parking entre les arbres , beaucoup de voitures , un petit chemin se faufile en évitant les ronces , la belle prairie d'herbes folles offre comme sur un plateau , la drôle de bicoque posée là comme soufflée par le vent : toute en bois , avec de grandes baies vitrées ,ouvertes sur un immense plancher flanqué de perches lumineuses.
Et tout un beau monde qui gigote là-dessus ,musique à fond la caisse.
Alex la toise de haut en bas " Ça ne va pas du tout, viens en bas avec moi , y'a plein de trucs pour se changer."
Derrière l'aile gauche , un escalier conduit au sous-sol .
"Allez ! , dépêche toi! "dit il en ouvrant une porte , "Fouille là-dedans , tu va bien trouver un truc qui déchire, moi je remonte vite fait, rejoins -moi au bar!"
Et le gentil cousin avec son sourire en coin la plante là sans plus de cérémonie. "Vraiment trop speed ce type , ça ne va pas lui réussir à la longue !"songe-t-elle en s'asseyant sur un divan très mou posé dans un coin.
"Bon , C'est comment, un truc qui déchire..?".
Deux portants métalliques croulent sous des affutiaux bigarrés .A droite de la pièce ,deux placards coulissants laissent entrevoir des étagères : d'un côté des alignements de chaussures , de l'autre ,accessoires , écharpes et autres colifichets.
A gauche, trois chaises posées face à une longue tablette surmontée d'un grand miroir lumineux où se reflète un éparpillement de boites de produits de maquillage.
Visiblement, pas trop le temps de réfléchir , miser sur l'instinct..
Elle pose à l’extrémité du divan , son pantalon mastic et son pull fin .elle enfile sous le sommier son sac de voyage et ses sandales .
Les yeux affutés, elle fait rapidement naviguer les cintres sur le premier portant - clic-clac-clic-clac-! Allez,hop, un truc vert sombre , luisant , très forêt maléfique , elle aime le toucher du tissu ,souple et élastique , mais pourtant presque bruissant , décolleté asymétrique et filaments lianes en relief rebrodés, teinte plus acide , côté écolo-bobo . Pile poil la taille .
Elle se précipite la tête la première dans le placard au fouillis , y glane un collier perroquet d'un mauvais goût réjouissant , un court boléro ,-Finalement non, trop ring' !-
Vite , s'assoir devant la glace , tordre les cheveux lisses, chignon haut rétro assumé , bouche en rouge vampire.
Visage très blanc.
Elle ferme la porte derrière elle.
Merde! pieds nus .
Tant pis , plus le temps.
Un escalier en colimaçon rejoint le haut de la maison
Sa main glisse sur la rampe , et le lourd bracelet en corne dont elle ne se sépare jamais tinte contre le métal .
Elle traverse un salon -jungle rempli de plantes exotiques et débouche enfin sur la terrasse où Alex la crochète immédiatement aux épaules
" Ouah ! Trop Classe, ma Risse !
Vite! vite ! Jérôme est arrivé , et je dois m'occuper des animaux , remplace -moi aux boissons !"
Il la pousse au milieu de la fosse au lions et s'échappe .
formid' tu es douée dans ce genre là, je lis tout comme du petit pain, j'ai enfilé les 3 billets...j'adore ! Comme tu décris bien les choses, les petites choses essentielles qui font toutes la différences et ton regard capte, sent, restitue en frôlements vers nous.
RépondreSupprimerPendant ce temps la pluie tombe tout à coup ici, percussion humide, et l'odeur de la terre monte.
Merci!! bises à l'hirondelle pleine de plumes passagères!
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé cette lecture. Un vrai bonheur.
RépondreSupprimerJ'attendais la suite avec impatience.