Dans ce pays , les cerveaux ont échappés à leurs corps d'origine.
Ainsi que leurs bras ,propres à embrasser l'univers.
Des créatures figées offertes aux passants, sans regard ni parole
Sont ainsi abandonnées au bon vouloir de marchands sans scrupules.
C'est par un jour gris qu'il marchait au hasard dans cette rue ,
Il s'arrêta ,soudain , plein d'angoisse face à cet alignement désincarné:
Devait-il fuir plus loin, retrouver la chaleur d'une taverne ,
La saveur de la bière coulant à flot ...
Mais une attraction insidieuse le tenait là,immobile,captivé par cette image .
Son imagination galopait ,échevelée , pour trouver trace des morceaux manquants.
Peut-être dans d'autres échoppes vendait-on des collections de visages ,
De torses féminins aux seins blancs tous identiques ?
Il est certain qu'un buste bien proportionné fait toujours bel effet sur une console,
Celà donne un cachet mythologique à un vestibule un peu quelconque,
Il y avait là un marché potentiel énorme,
Surtout depuis que Cyprien Floch avait lancé la marotte des décors énigmatiques:
Cet arbitre des mondanités se faisait fort d'imposer cette mode .
Quant à lui , ces jambes artificielles lui donnaient la chair de poule,
Seules les vertes lui serraient le coeur ,avec leur côté champêtre :
Et si elles appartenaient à une nymphe des bois ,enlevée jadis à son royaume
Par un cruel enchanteur ...
Un élan irrépressible le jeta en avant:
Il saisit celles-ci ,les cala sous son bras gauche,
Et se mit à remonter au pas de charge le trottoir de la grande avenue,
Jusqu'au carrefour de la gare .
Quelques cyclistes actionnèrent leur sonnette aigrelette, en le doublant sur la droite.
Quelque peu essouflé , il s'assit dans le petit bosquet en face de l'hôtel Daniel,
De l'autre côté , la façade du cinéma porno ouvert non-stop .
Il avait plié les jambes, fait assoir la jeune échappée contre un arbre au large tronc.
Il se décida brusquement , franchit les portes vitrées de l'hôtel et demanda une chambre.
Malgré l' affluence due au festival de Musique ancienne , il en obtint une , au 3ème étage.
Sans prendre garde aux regards interloqués des jeunes employés en tablier noir,
Il ressortit et revint ,portant délicatement sa demi-compagne .
Un sourire mystérieux aux lèvres , il disparut derrière la porte coulissante de l' ascenseur..
Ainsi que leurs bras ,propres à embrasser l'univers.
Des créatures figées offertes aux passants, sans regard ni parole
Sont ainsi abandonnées au bon vouloir de marchands sans scrupules.
C'est par un jour gris qu'il marchait au hasard dans cette rue ,
Il s'arrêta ,soudain , plein d'angoisse face à cet alignement désincarné:
Devait-il fuir plus loin, retrouver la chaleur d'une taverne ,
La saveur de la bière coulant à flot ...
Mais une attraction insidieuse le tenait là,immobile,captivé par cette image .
Son imagination galopait ,échevelée , pour trouver trace des morceaux manquants.
Peut-être dans d'autres échoppes vendait-on des collections de visages ,
De torses féminins aux seins blancs tous identiques ?
Il est certain qu'un buste bien proportionné fait toujours bel effet sur une console,
Celà donne un cachet mythologique à un vestibule un peu quelconque,
Il y avait là un marché potentiel énorme,
Surtout depuis que Cyprien Floch avait lancé la marotte des décors énigmatiques:
Cet arbitre des mondanités se faisait fort d'imposer cette mode .
Quant à lui , ces jambes artificielles lui donnaient la chair de poule,
Seules les vertes lui serraient le coeur ,avec leur côté champêtre :
Et si elles appartenaient à une nymphe des bois ,enlevée jadis à son royaume
Par un cruel enchanteur ...
Un élan irrépressible le jeta en avant:
Il saisit celles-ci ,les cala sous son bras gauche,
Et se mit à remonter au pas de charge le trottoir de la grande avenue,
Jusqu'au carrefour de la gare .
Quelques cyclistes actionnèrent leur sonnette aigrelette, en le doublant sur la droite.
Quelque peu essouflé , il s'assit dans le petit bosquet en face de l'hôtel Daniel,
De l'autre côté , la façade du cinéma porno ouvert non-stop .
Il avait plié les jambes, fait assoir la jeune échappée contre un arbre au large tronc.
Il se décida brusquement , franchit les portes vitrées de l'hôtel et demanda une chambre.
Malgré l' affluence due au festival de Musique ancienne , il en obtint une , au 3ème étage.
Sans prendre garde aux regards interloqués des jeunes employés en tablier noir,
Il ressortit et revint ,portant délicatement sa demi-compagne .
Un sourire mystérieux aux lèvres , il disparut derrière la porte coulissante de l' ascenseur..
Les cerveaux s'enfuient, errent comme des esprits abandonnés, des anges tristes en quête d'amours et de caresses, car il n'y a plus de bras, de mains... Etrange pays...
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