Tango Michoko / Fiction express

peinture à l'huile et collages ,sur panneau contreplaqué collé sur isorel

 En ville , si on quitte les grandes artères pour des raccourcis de fantaisie ,

On est témoin ,parfois, de scènes très cinématographiques .

C'est ce qui arriva à Philibert Chemin , par ce bel après-midi de Juin..

Ayant des envies d'escapade alors que ses congés étaient encore bien loin à l'horizon,

Il s'engagea dans La traverse des plaisirs : son collègue magasinier lui en avait vaguement parlé pendant sa pause du matin , et lui en avait précisé l'accès , car la plaque  avait été enlevée depuis l'hiver ,des travaux de rénovation complète du quartier devant débuter incessamment sous peu , si les crédits arrivaient enfin.. ce qui visiblement , en raison de la conjoncture , n'était pas pour demain..
C'était un drôle de type , souvent en arrêt maladie , qui trainait son charriot avec grand mystère dans les allées  du supermarché .
Philibert  espérait une aventure du même tonneau et il ne fut pas déçu.
Au plus sombre de la ruelle encore habitée , des flots de musique  s'échappaient d''un couloir humide :
Musique latino ... Il ralentit son pas , traversant sur l'autre trottoir .
Une porte vermoulue lui fournit un bien propice poste d'observation .
L'immeuble devait encore accueillir un cours de tango....
Bientôt , la musique cessa et un couple rieur déboucha brusquement .
Et là , sous ses yeux, LE baiser de cinéma le plus spectaculaire qu'il ait jamais vu .
Le garçon et la fille , bras dessus -bras dessous ,partirent en sautillant  .
Par dessus son épaule , elle jeta un emballage brun.
Quand tout danger d'être aperçu eut disparu 
Il se baissa et ramassa la pochette : des "Michoko" ........
Au fond du paquet : un bonbon un peu écrabouillé.
Sur un petit nuage , il continua son trajet , dégustant lentement le caramel mou dans sa coque de chocolat.