mercredi 10 mars 2010

CINEMA-POISSONNERIE / 1



La rue est toujours là ,mais tout a changé à part la même galère pour circuler,
les voitures garées à cheval sur le trottoir devant la pâtisserie Froment.
C'est toujours comme çà,le Dimanche matin. A la sortie de la messe tout le monde se précipite pour venir chercher les gâteaux commandés la veille s'il vous plait!! Elle ne rigole pas Madame Froment: dans une main  la fiole de rhum dilué pour la rallonge sur les babas, de l'autre, elle aligne les Paris-Brest dans la boîte en carton glacé : " Et avec çà , Monsieur Fontaine? votre dame est passée hier, elle voulait une brioche à tête pour le goûter avec le Tonton , je parie que vous alliez oublier!! Ah! les hommes! Heureusement qu'on pense,nous, n'est-ce pas Mesdames!!"
Et Madame Froment , avec un petit gloussement de gorge, finit d'empaqueter l'énorme brioche dorée , encore tiède. La queue devant la vitrine des délices du Dimanche s'allonge un peu plus ,
et l'on tend le cou pour vérifier s'il reste encore des mokas au café . 
Monsieur Froment, en veste blanche, passe la tête par la porte du fond " Simone, tu diras à Mlle Jenny que ses petits choux vanille sont prêts !"  Madame Froment hausse les épaules qu'elle a charnues :
" Et bien ! On verra si elle descend jusqu'ici! En tout cas, moi, je n'irai pas lui porter, et Frédéric a autre chose à faire que d'aller livrer des choux minuscules et gratuits à cette vieille bique qui n'ouvre son porte-monnaie que les jours de lune rousse!!"
   Un léger brouhaha se fait dans la boutique, les chuchotements par dessus les cols de manteaux vont bon train: Mlle Jenny, voisine de l'église paroissiale, en est l'un de ses piliers les plus fidèles, toujours le chapelet à la main. Longue et sèche comme une herbe folle , elle pèche néanmoins par gourmandise , adorant les chouquettes de chez Froment : elle ne mange que ça, parait-il, avec du lait chaud sucré, et monsieur Froment les lui troque gracieusement, contre des prières pour toute la famille.
Je sors de mon flashback intime et détache mon regard de la pâtisserie: en face, le marchand de journaux n'existe plus, dommage!  C'est là que, durant mes années de lycée, je venais acheter PILOTE, et aussi, souvenir marquant, un certain matin, le premier numéro de" LIBÉRATION ", qu'on n'appelait pas encore par son petit nom "libé".
  Un peu plus bas, du même côté , la cordonnerie Clément a disparu. La porte à carillon s'ouvrait sur les odeurs caractéristiques de cuir , colle et cirage . On y vendait également des modèles "hors- mode ", robustes et austères, propres à arpenter les chemins boueux du canton.
Mais, malgré son désir d'être un tant soit peu aimable entre commerçants , Maman n'a jamais réussi à me persuader de porter ces ballerines beiges en croute de cuir dont la vendeuse me vantait la souplesse en appuyant férocement sur mon gros orteil " Juste la bonne pointure! c'est d'un très bon chaussant Mlle Charlotte! "  Bon chaussant ou pas, à l'époque, il n'y avait que les Clarcks  qui trouvaient grâce à mes pieds ,et ce n'était pas à Bélazy St Pierre qu'on en trouvait......
  Mon regard suit de loin la courbe de la rue jusqu'à la trouée de la grand- place, mais moi, je reste piquée là, 
sur le trottoir : Maintenant  j'y suis, c'est l'endroit.
 Et je ne vois rien , rien qu'une façade anonyme.
           
Posted by Picasa

8 commentaires:

  1. Le décor du film est planté, teinté d'une douce nostalgie. Vivement la suite du film qui, j'en suis sûr, ne se terminera pas en queue de poisson... :~)

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  2. Bonjour Tant-Bourrin!!
    merci pour ce comm très matinal ! la suite ce soir.

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  3. Pilote ? Mâtin quel journal ! Et les clarks, je n'ai porté que ça durant des années... Un dinosaure moi ? Comment tu le sais ?

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  4. t'inquiète , moi je suis brontosaure..

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  5. "La rue est toujours là"...Alors tout va être possible.

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  6. Une belle dorade à griller cet été... Je te fais confiance mais sans sel bien sûr. Avec du couscous

    Bises christian

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  7. Un poissonnier cinéaste!!!
    Belle nouvelle. Mérite le tapis rouge...

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